lundi 31 août 2015

Pointeuse

Mais à quel degré d'abrutissement en est arrivé le débat politique français ?

Nous sommes en 2015. Les nouvelles technologies et les réseaux permettent d'accomplir des prouesses de productivité, mais la remise en cause du temps de travail fait toujours polémique et des idiots s'y engouffrent, prompts à agiter un chiffon rouge qui n'excite plus que les taureaux les plus incultes.

La question n'est plus depuis des lustres de savoir combien d'heures par semaine il faut travailler, mais quels objectifs une entreprise veut atteindre, quels moyens – humains et techniques – elle est prête à mettre en place pour y parvenir et comment elle entend redistribuer la richesse produite en cas de succès.

Bref, ce débat sur les 35 heures aujourd'hui est une sorte d'hommage à la pointeuse, machine à confondre les bosseurs et les autres pour peu qu'ils arrivent et partent à l'heure.

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Billet initialement publié ici.

samedi 29 août 2015

Exode

Alors que la Méditerranée vit un drame dont l'Europe doit assumer les conséquences, par un curieux détour sémantique, nous collons encore aux faits l'étiquette « migration ».

Drôle de pudeur langagière. Comme s'il s'agissait d'opportunistes attirés par nos paradis sociaux… Non. Ces pauvres gens étouffés dans des camions à volaille ou naufragés dans des bateaux d'infortune ont fui l'horreur, la tyrannie, la monstruosité, la barbarie, l'horreur, l'arbitraire, la dictature… Qui n'en ferait pas autant ?

Nous en connaissons, nous aussi, des exilés. Et pas que des fiscaux. Que serions-nous devenus si l'Angleterre avait refoulé aux frontières un certain Charles de Gaulle ou si Albert Einstein était mort en exil ?

Ne devons-nous pas être fiers d'avoir accueilli Marc Chagall, Maria Casarès ou Milan Kundera ?

En tout cas ne parlons plus de crise migratoire. Nous sommes confrontés à un exode.

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Billet initialement publié ici.

vendredi 28 août 2015

Camarade

C'est comme un serpent de mer dessiné à la craie sur les tableaux de chaque rentrée scolaire.

Nos rejetons croulent sous le poids de leurs cartables, qui pèsent en moyenne quelque 8,5 kg d'après la FCPE. Pourtant, en 2008, le ministère de l'Éducation nationale a publié une circulaire sur le sujet et il préconisait de ne pas tolérer un sac dépassant 10 % du poids de l'enfant.

Essayez un peu de porter un sac à dos pesant plus de 10 % de votre poids et vous comprendrez le problème...

En attendant la mise en place du double jeu de livres (un dans l'établissement et l'autre à la maison) ou la généralisation des tablettes numériques, certains parents achèteront à leurs enfants des cartables à roulettes, quitte à ce que leurs copains se cassent la tête en se prenant les pieds dedans.

Entre la scoliose et les bleus au genou, camarade de classe, choisis ton camp !

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Billet initialement publié ici.

jeudi 27 août 2015

Depuis

Mardi à 19 h, nous étions quelque 7.362.440.307 personnes à nous partager cette planète. Depuis, cinq ou six centaines de milliers de bébés ont poussé leur premier cri et la population mondiale va continuer à croître pour atteindre les 8 milliards en 2025 et dépasser les 11 en 2100, selon les enquêtes des Nations unies.

Depuis le Sommet de la Terre de Rio, l'ONG Global Footprint Network calcule tous les ans le jour où l'humanité dépasse sa capacité à reconstituer ses ressources et absorber ses déchets, y compris le CO2.

Le « jour de dépassement » est de plus en plus précoce. Au milieu des années 1990, il tombait en novembre. En 2000, c'était le 1er octobre. Cette année, nous l'avons atteint le 13 août.

Depuis, l'humanité a épuisé le budget écologique annuel de la planète.

Bref : depuis deux semaines, nous vivons à crédit.

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Billet initialement publié ici.

mardi 25 août 2015

Capital

Karl Heinrich Marx, Vladimir Ilitch Oulianov (Lénine) et Lev Davidovitch Bronstein (Trotsky) n'ont pas fini de se retourner dans leur tombe.

Les empires communistes qu'ils levèrent voici une centaine d'années n'en finissent pas de les décevoir. Depuis Iossif Vissarionovitch Djougachvili (Staline), l'Union des républiques socialistes soviétiques est devenue un cauchemar démocratique transformé en paradis libéral par ses successeurs.

Cuba, oubliant ses missiles, s'est rabiboché avec le grand satan étasunien et la Corée du Nord a perfectionné l'art de la dictature. Et la République populaire de Chine ? Ses spéculations font la pluie et le beau temps sur les places boursières mondiales.

En fin de compte, ce n'est pas le bonheur de la classe ouvrière que les pays communistes ont internationalisé, mais son exploitation par le grand capital.

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Billet initialement publié ici.

lundi 24 août 2015

Distances

Trois blessés ou seulement deux ? Un comédien célèbre touché par une balle ou simplement égratigné par un morceau de verre ? Deux héros ou quatre ? L'acte d'un détraqué ou celui d'un terroriste ?

La tentative d'attentat du Thalys s'ajoute à la désormais longue liste des informations maltraitées par l'immédiateté. On a tout entendu et son contraire, depuis les messages des passagers sur les réseaux sociaux jusqu'aux communiqués des autorités en passant par les chaînes d'information en continu où des experts patentés commentèrent allégrement des hypothèses invérifiables.

Certes, les TGV sont rapides, les débits hauts et les flux tendus. Mais tout de même… Que d'écarts entre les bruits et les faits. Quel éloignement entre les commentaires à chaud et la véritable histoire.

La vitesse ne réduit pas les distances : elle en donne juste l'illusion.

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lundi 10 août 2015

Vacances

A la question « cet été, du 15 juin au 15 septembre, quel budget envisagez-vous de consacrer à vos vacances ? » que posaient récemment les sondeurs d'un institut à un panel représentatif de Français, une personne sur trois répondait « que tchi », « nada », « wallou », « que dalle »…

Plus précisément, ils sont 34 % à être certains de ne pas être coincés cet été dans les bouchons. Qui sont-ils, ces condamnés au surplace estival ?

Le plus souvent les personnes âgées et bien évidemment les catégories les plus pauvres, rémunérée au Smic ou en deçà. Est-ce que ça empire ? C'est relatif.

En 2005, étaient 32 % à rester claquemurés mais au plus fort de la crise financière, en 2008-2009, cette proportion atteignait les 42 %.

Bref, l'emploi et le pouvoir d'achat n'ont pas fini d'être les enjeux principaux de ce pays, même si le ministère du Travail, faute de locataire, est en vacances.

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Billet initialement publié ici.