vendredi 30 janvier 2015

Macronisons tout

Et si Emmanuel Macron avait raison ? Et si la défense de « la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques » ne se limitait qu'aux seuls secteurs que sa loi prévoit de réformer ?

Pourquoi, en effet, laisser aux diplômés des grandes écoles de commerce ou d'ingénieurs le monopole des postes stratégiques dans les entreprises ?

Au nom de quel principe républicain les plus hautes fonctions politiques devraient-elles n'être assumées que par les diplômés de Sciences-Po et de l'Éna ?

Si ça se trouve, votre plombier aurait fait un excellent Premier ministre, votre boulanger, un marketeur phénoménal et votre facteur avait tout le potentiel pour devenir un ingénieur remarquable.

Les murs à faire tomber pour garantir « la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques » sont en effet nombreux. Surtout dans la tête de ceux qui les construisent.

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Billet initialement publié ici.

lundi 12 janvier 2015

Bastille

Paris, 11 janvier 2015, 17 h, la Bastille est noire de monde. Un peu plus tôt, avant que les cortèges déferlent, des cars de policiers sont arrivés sous les applaudissements de la foule. A l'intérieur, un agent ne va pas tarder à vivre un moment unique. Une fillette s'approche de lui pour lui proposer de poser à ses côtés pour un selfie. « C'est la première fois qu'on me le demande », confiera-t-il, plus tard, entre sourire et larmes d'émotion.

Le soleil commence à se coucher. La foule est de plus en plus dense. Michel, 64 ans, n'en revient pas. « J'ai beaucoup pratiqué de manifestations ces trente dernières années à Paris et c'est la première fois que je vois autant de monde. » Comment l'expliquer ? « Par ce sentiment d'unité nationale retrouvée dans la douleur », explique-t-il. Il précise : « Les événements terribles que nous avons vécus et la colère contre la barbarie ont ravivé notre envie de défendre nos valeurs républicaines, au premier rang desquelles la laïcité. La France découvre qu'elle est en guerre, ce que les politiques ont trop longtemps tardé à l'expliquer comme il fallait. Nos libertés ont un prix, celui du sang et ceux qui sont ici sont prêts à l'assumer. »

C'est le cas de Véronique, 55 ans : « Nous sommes un pays démocratique et laïc dans lequel on a le droit de s'exprimer. La liberté d'expression, c'est le droit le plus important. Il mérite qu'on se batte pour le défendre. » Juste à côté d'elle, André, 53 ans, ajoute : « La liberté d'expression, on la place tout en haut, juste à côté du respect de l'autre ».

La crainte semble absente du cortège. « C'est important d'être là aujourd'hui pour montrer que nous n'avons pas peur », explique Elsa, 27 ans. « On va leur faire comprendre (aux terroristes) que le peuple français est soudé en cette heure tragique », ajoute son compagnon, Grégory, 28 ans.

Au centre de la place de la Bastille, la colonne de juillet devient le théâtre d'un chœur improvisé qui entonnera à plusieurs reprises La Marseillaise pendant la soirée. La foule applaudit, reprend en chœur. Charlie est partout. Sur les pancartes et dans les esprits. « Cabu, c'est quelqu'un que j'ai découvert quand j'avais 10 ans, raconte Mickael, 45 ans. Mon père me l'a fait connaître. C'est quelqu'un qui nous accompagnait, nous faisait rire et réfléchir depuis des années. Charlie, c'est notre culture. Charlie, on nous l'a arraché. »

Il fait nuit, il devient quasiment impossible de se déplacer au milieu de cette phénoménale marée humaine. Une ambulance se fraye cependant un chemin pour transporter une jeune femme victime d'un malaise. Les gens se serrent, quitte à s'en couper le souffle, pour la laisser passer. On peut palper comme rarement une solidarité que Françoise, 66 ans, décrit parfaitement : « Depuis 1789, nous avons instinctivement ce réflexe de défense de nos libertés. Ce mouvement, aujourd'hui, est unanime et spontané. Il a dépassé tous les clivages. » Nous sommes bien place de la Bastille.

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Reportage initialement publié ici.

mardi 6 janvier 2015

Ombre

La recette d'un succès de librairie ? Du Suicide français d'Éric Zemmour, avec son éloge au gouvernement de Vichy, à la Soumission de Michel Houellebecq et son président de la République musulman, tourner le couteau dans cette vieille plaie française post-colonialiste et toujours béante : la peur de l'envahisseur.

Et c'est facile : le solde de la collaboration n'est toujours pas réglé, pas plus que celui de la guerre d'Algérie.

Le petit peuple est condamné à la cage d'escalier squattée par les dealers parce que l'ascenseur social est en panne.

A force d'avoir touillé laïcité, identité nationale, communautarismes, mariage pour tous, théorie du genre et parentalité, on se méfie du vivre ensemble...

Quand l'occident voit l'orient ? Il craint son nombre.

Quand il se regarde ? Il a peur de son ombre.

Arnaqueurs

La fraude détectée par les organismes de Sécurité sociale a atteint 636 millions d'euros en 2013 (soit une augmentation de 13 % par rapport à 2012), selon le bilan annuel de la délégation nationale à la lutte contre la fraude.

Voilà une coquette somme à ajouter à celles du financement occulte de partis politiques, des emplois fictifs, des trafics de stups, de pièces détachées ou encore du travail dissimulé.

Mais nous sommes loin des chiffres de l'évasion fiscale. En 2013, la lutte contre cette fraude a rapporté 10 milliards d'euros à l'État. Et pour 2014, on devrait atteindre les 8 milliards d'euros.

Et ça n'est que la partie émergée de l'iceberg. Début 2013, un rapport du syndicat Solidaires-Finances publiques révélait que les différentes formes d'évasion et de fraude fiscale s'élevaient à près de 80 milliards d'euros… soit à peu près l'équivalent du déficit de l'État.

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Billet initialement publié ici.