jeudi 31 décembre 2015

Résolutions

Ce jour est important. Vous allez choisir ce qui devrait faire de 2016 une année meilleure que la précédente.

Tout d'abord pour vous-même. Arrêter de fumer, faire du sport, prendre du temps pour vous occuper de vos proches. C'est bien. Gagner davantage d'argent ? Pourquoi pas. On sait que ça ne fait pas le bonheur, sauf quand on vit sous le seuil de pauvreté.

Vous aurez aussi probablement l'envie louable de changer le monde. Moins de conflits, une plus juste répartition des ressources de la planète, la limitation du réchauffement climatique, la fin de la dictature de la finance spéculative, le respect mutuel des différentes religions et la disparition des intégrismes seront bienvenus dans la liste des souhaits pour l'an neuf.

C'est trop ambitieux ? C'est utopiste ? La barre est trop haute ? Rassurez-vous : après-demain, tout le monde aura oublié.

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Billet initialement publié ici.

mardi 29 décembre 2015

Doute

D'ici à 2017, la recomposition du paysage politique français promet une belle valse des appellations. Et comme le marketing électoral ne recule devant rien, le phénomène a déjà commencé.

L'ex-UMP a lancé une OPA sur le concept de « républicain » et le FN louche très fort sur l'étiquette « patriote ». Et ensuite, à qui le tour ? On imagine déjà la gauche de la gauche faire main basse sur « Les Révolutionnaires », laissant aux autres le choix entre « Les Conservateurs » ou « Les Sociolibéraux ».

Et pour ceux qui ne s'y retrouveront pas ? Ils rejoindront « Les Blancs » ou « Les Nuls ». Mais le grand parti n'est plus à créer. Il existe déjà et il porte un nom : « Les Abstentionnistes ». Car chacun garde le droit imprescriptible, se sentant à la fois patriote, révolutionnaire, républicain, démocrate, social libéral, blanc ou nul… d'être pris d'un terrible doute existentiel une fois arrivé au bureau de vote.

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Billet initialement publié ici.

mercredi 9 décembre 2015

Fachosphère

C'est l'histoire de deux tweets postés à quelques minutes d'intervalle, le second en appui du premier.





C'est évidemment le second qui fait causer. Une certaine communauté s'en est emparé avec un style et des méthodes bien connus (de sinistre mémoire) : pas de second degré, pas de mise en perspective avec le premier tweet, de la manipulation, des menaces (de viol, de mort, si si), de la dénonciation... le plus souvent anonymes, comme au bon vieux temps *.

Alors je le redis : nous sommes une culture. Une intelligence. Nous ne pouvons pas admettre que des idiots osent seulement imaginer prendre le pouvoir. Et je précise, pour ceux qui ne me connaissent pas, que quand j'utilise la violence verbale, c'est pour défendre les valeurs d'une démocratie ouverte et tolérante, celle qui permet à tous - et même aux ennemis de la démocratie - de s'exprimer, de voter librement.



Enfin, une dernière chose :




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* La plupart ont été effacés, depuis, par leurs courageux auteurs, y compris celui-ci

lundi 30 novembre 2015

Cybercrotte

Vous avez probablement violé, ce week-end, la confidentialité des lettres que vos enfants ou petits-enfants estimaient en toute bonne foi destinées à n'être lues que par le Père Noël.

Il va falloir choisir, car la liste est plus longue que les lignes de crédit de votre relevé de compte.

Immanquablement, cette année, le martelage publicitaire des chaînes pour gosses aidant, vous trouverez des souhaits de jouets électroniques. Le drone avec caméra embarquée est à la mode.

Évidemment, si vous retenez cette option, il va falloir expliquer à vos gosses ce qu'est le droit à la vie privée de vos voisins.

Autre tendance forte cette année : les robots animaux de compagnie. Très sophistiquées, ces bestioles peuvent tout faire comme les vraies. On trouve même un chien qui pète et qui sème des crottes dans le salon. Il parait que c'est un produit dérivé de l'intelligence artificielle.

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samedi 28 novembre 2015

Salutaires

L'un, chef d'une des plus importantes communautés religieuse de la planète, prête ses discours subversifs pour un album de rock. L'autre, à la tête d'une grande Nation, invite ses concitoyens à défier les terroristes.

Le premier assure que le nom de Dieu « ne doit jamais être employé pour justifier la haine et la violence ». Le second évoque un « Dieu trahi » par « une horde d'assassins ».

L'un visite l'Afrique au mépris des menaces. L'autre se rend sur les lieux d'un attentat, faisant fi du danger. Vous les aurez reconnus.

Ces sont les deux François. Un pape et un président sous le feu d'une actualité déchirante, rassemblés par cette capacité à choisir les termes pour ciseler des paroles qui dépassent leurs camps, convictions et croyances. Des hommes qui trouvent les mots de la résistance pour nous donner le courage de tenir. Des paroles salutaires.

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vendredi 27 novembre 2015

Claquemurée

Ainsi donc, au fil des attentats, des frontières se ferment, des murs de béton armé se dressent et l'industrie du fil de fer barbelé prospère.

Comme si les murailles, de Chine ou d'ailleurs, pouvaient protéger les peuples. Les envahisseurs se moquent des limites. Qu'il s'agisse de guerroyer ou de commercer, ils trouvent toujours leur chemin en dépit des obstacles. Ils se jouent des bornes et s'amusent à nous en effrayer.

Chacun sait pourtant que l'apartheid n'est pas une solution. Si les gens ne savent pas partager leurs différences, nous n'avons pas fini de dresser des clôtures entre les communautés. Et dans chaque foyer, il faudra verrouiller les portes, car l'ennemi de l'intérieur se niche partout.

Bref, cette France qui se prend, de sinistre mémoire, à rêver de vivre claquemurée, oublie que les murs les plus solides ne protègent pas des claques les plus violentes.

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jeudi 26 novembre 2015

Photomaton

C'est le photomaton 2.0 ! Se tirer le portrait soi-même avec son portable est devenu un sport international et un marché juteux dans lequel se sont engouffrés les fournisseurs d'applications et les marchands d'accessoires.

La perche à selfie, notamment, fait des ravages. On se souvient de ce terrible accident, cet été, lors duquel un Britannique d'une cinquantaine d'années est mort au cours de l'ascension du mont du parc de Brecon Beacons avec son groupe d'élèves alors qu'il voulait immortaliser l'instant. La foudre avait été attirée par sa gaule à smartphone.

On a trouvé pire – si l'on peut dire – en France, cette semaine. Un jeune Lyonnais vient d'écoper de huit mois de prison dont quatre mois ferme pour avoir frappé des policiers qui lui reprochaient d'avoir pris des selfies dans le commissariat et au préalable à bord de leur véhicule. Ou comment passer des photos aux matons.

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mardi 3 novembre 2015

Les gueux

Mais d'où viennent ces vierges effarouchées par le « coup de com' » du passage de François Hollande chez Lucette Brochet ?

Sont-ce des poissons rouges ? Ont-ils oublié ce soir de janvier 1975 où Valéry Giscard d'Estaing et Anne-Aymone débarquaient chez un couple d'encadreurs, des « Français ordinaires », pour faire causette. La pluie, le beau temps, la santé, les sous… Devant les caméras de l'ORTF.

Et ces « Français ordinaires » du Salon de l'agriculture visités par Jacques Chirac ? Son terrain de jeu préféré… Qui a d'ailleurs beaucoup moins réussi à son successeur (« Casse toi pauv'con »).

Mais Nicolas Sarkozy s'est rattrapé par la suite. En janvier 2010, sur TF1, il répondait aux questions de onze « Français ordinaires » bien choisis…

Bref : rien de neuf. Depuis que les hommes vivent en société, ceux qui les gouvernent visitent les gueux. Avec parcimonie et couverture médiatique.

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samedi 31 octobre 2015

Monstres

Où allons-nous les chercher, ces monstres d'Halloween ?
Dans un monde imaginaire ? Non. Dans le réel.

L'an passé, la vente de tenues de protection anti-Ebola avait déclenché la polémique. On se souvient aussi du masque de clown maléfique, revenu dans l'actualité après une série d'agressions commises par des individus portant ce déguisement.

En 2011, c'est le masque de Dominique Strauss-Kahn et un costume de soubrette qui faisaient fureur. Dans les années 2000, c'est le masque de Ben Laden qui était tendance… tout comme ceux des Bush, père et fils, qui ont contribué à foutre la trouille à plusieurs générations.

Bref, les monstres, c'est nous qui les choisissons. Ils sont le reflet de notre monde. Et nous les envoyons frapper à nos portes, comme s'il nous était impossible de vivre sans la peur qu'ils nous inspirent.

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vendredi 30 octobre 2015

Highgate

La colère gronde chez les marxistes. Ils n'en peuvent plus que la dépouille de leur philosophe préféré soit soumise aux lois du marché.

C'est qu'en effet, il faut débourser 1,40 € pour accéder au site funéraire de Marx au cimetière Highgate de Londres.

Certes, il faut entretenir le site : Highgate commençait à se détériorer à cause d'actes de vandalisme commis par les enfants d'un sous-prolétariat victime de l'ultralibéralisme thatchérien (ainsi que du passage quotidien de deux cents marxistes soucieux de l'état de santé de leur idole.

Mais le grand capital est ainsi fait qu'il cherche toujours une marge profitable abusive, assurent les puristes.

Ils oublient pourtant que la baisse tendancielle du taux de profit, selon notre cher Karl, conduira les camarades de Highgate, comme ceux du reste du monde, à s'unir pour renverser la table.

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mardi 27 octobre 2015

Cochonneries

Adieu veaux, vaches, cochons… Devenez végétarien ou mourez ! C'est l'Organisation mondiale de la santé qui le dit.

L'OMS qui vient de classer la viande transformée, essentiellement la charcuterie, dans la catégorie des agents « cancérogènes pour l'homme ». Quant à la viande rouge et au porc, ils ont été classés comme « probablement cancérogènes ».

Plus de tabac, plus d'alcool, plus de viande… Des plaisirs de la chair ne resteront bientôt plus que l'art du cochon et le culte des belles miches. On s'en contentera.

Cela dit, on peut parier que nos cochonnailles artisanales faites avec des bêtes élevées naturellement dans de vraies fermes sont une fois de plus tirées vers le bas par ces milliers de tonnes de malbouffe charcutées par ces quelques géants de l'agroalimentaire qui nous prennent pour des gorets.

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vendredi 16 octobre 2015

Les points sur les " u "

La nouvelle édition de Mon cahier de français, présentée par les éditions Magnard comme « la collection plébiscitée par les enseignants », est véritablement révolutionnaire.

La conjugaison du verbe voir au passé simple est en effet assez innovante : « Je vus, tu vus, il (elle) vut, nous vûmes, vous vûtes, ils (elles) vurent ».

Vous avez bien vi : le « i » a pris la place du « u ». Il va donc falloir se mettre à la page.

On ne dira plus « j'ai fait tout ce que j'ai pu », mais « j'ai fait tout ce que j'ai pi ». Oubliez tout ce que vous avez cru : il s'agit de ce que vous avez cri et si vous l'aviez si, vous l'auriez dut comme il faut. Vos marchés ne seront plus jamais conclus : ils seront conclis. Vous avez bien déjeuné ? Vous êtes donc repi. Quant à vos secrets, ce sont des choses que vous avez ties.

Bref, j'espère que vous avez bien entendi, tout comprus et que le message est bien reci.

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jeudi 15 octobre 2015

Plus blanc

Alors que la classe politique traverse une crise de confiance phénoménale, le Front national, parti qui se veut net comme un sou neuf, commence à souffrir d'un certain manque de propreté.

Le compte en Suisse de Jean-Marie Le Pen, les relations intéressées avec la Russie…

Une dizaine de responsables du FN ont déjà été mis en examen dans l'enquête sur le financement du FN, dont Marine Le Pen, qui a refusé de se rendre mercredi chez les juges… Pour un responsable politique qui passe son temps à montrer du doigt les salissures de l'UMPS, ça fait tache.

Mais comme nous le rappelait jadis Coluche avec bon sens, faut toujours se méfier des promesses des marchands de savon. Vous vous souvenez ? « Et maintenant y'a le nouvel OMO qui lave encore plus blanc ! Moi j'ose pas changer de lessive : j'ai peur que ça devienne transparent après ! J'ai déjà l'air con avec des rayures ! »

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lundi 12 octobre 2015

Coqueluche

Coqueluche. Maladie respiratoire responsable de quintes de toux fréquentes et prolongées due à une bactérie qui se transmet très facilement par voie aérienne.

D'où la métaphore médiatique qui en est née. Le député PS Benoît Hamon n'a d'ailleurs pas hésité à l'utiliser pour parler du ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, « nouvelle coqueluche du tout-Paris ».

Cela dit il y en a d'autres des coqueluches dans notre classe politique.

Nadine Morano ? Nicolas Sarkozy vient de préciser qu'il n'avait rien contre elle.

François Fillon ? Le président du MoDem François Bayrou souhaite « qu'ils (Juppé et Fillon) puissent présenter ensemble un horizon ».

Marine Le Pen ? Même son père en dirait du bien.

Problème : Sanofi Pasteur fait face à des problèmes industriels qui touchent fortement sa fabrication (90 % de la production mondiale) de vaccins contre la maladie.

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vendredi 2 octobre 2015

Nom de Dieu

En ces temps troublés ou des fous de dieu aliénés par leur soif d'hégémonie s'efforcent de précipiter l'effondrement de notre monde épris de libertés individuelles et de laïcité amalgamante, voilà donc les USA, la Russie et l'Iran dans le même bateau contre Daech.

Pourquoi pas. On avait déjà vu Roosevelt et Churchill pactiser avec Staline pour combattre Hitler. La nature est ainsi faite qu'on finit toujours par y trouver un diable pire que les autres.

Qu'est-ce qui, dans cette nouvelle guerre mondiale, différencie les belligérants ? Ce en quoi chacun croit.

Tandis que nous, nous essayons de sauver notre peau, d'assurer notre bien-être, d'être heureux de notre vivant sur cette planète, l'ennemi entretient le culte du martyr et du sacrifice, convaincu qu'il trouvera refuge et reconnaissance au paradis. Et il le fait au nom de Dieu. Nom de Dieu !

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mercredi 23 septembre 2015

Contribuable

Ainsi donc, Le Figaro publie sur son site l'évaluation du coût pour le contribuable de la carrière de Michel Sapin. Le chiffre sonne comme il faut pour affoler les troupes : 19 millions d'euros. Pourquoi pas. Allons-y gaiement sur ce nouveau genre journalistique.

Interrogeons-nous, par exemple, sur le coût pour le contribuable des aides à la presse dont a profité Le Figaro.

On peut aussi se demander combien l'auteur de l'article, Éric Verhaeghe, a coûté au contribuable pendant sa scolarité à l'École nationale d'administrawtion ou alors qu'il était président de l'Apec (association paritaire pour l'emploi des cadres).

Bref, si on continue comme ça, il ne faudra pas vous plaindre le jour où il sera devenu obligatoire d'inscrire sur votre pierre tombale ce que vous aurez coûté tout au long de votre vie au contribuable en heures de scolarité, mois de chômage, journées d'arrêt de travail ou années de retraite.

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mardi 22 septembre 2015

Bizutage

C'est la saison des bizutages, ces « pratiques, épreuves, traitements ritualisés et imposés, destinés à symboliser l'intégration d'une personne au sein d'un groupe social particulier », résume Wikipédia.

Enfin bon. Nous, Français, avons eu la sagesse d'interdire ces pratiques depuis 1998. « Le fait d'amener autrui, contre son gré ou non, à subir ou à commettre des actes humiliants ou dégradants lors de manifestations ou de réunions liées aux milieux scolaires et socioéducatif » est devenu un délit puni de six mois de prison et de 7.500 € d'amende.

Et pourtant, on bizute toujours. Des plaintes ont été déposées en ce mois de septembre 2015 par des élèves dénonçant des actes de violence commis durant la rentrée.

Pire : Myriam El Kohmri, la nouvelle ministre du Travail, va subir, cette semaine, sa première présentation des chiffres du chômage.

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samedi 19 septembre 2015

Répétition

Dictée, calcul mental, lecture, maîtrise du langage français… Rendons grâce à notre la ministre pour avoir rappelé la mission fondamentale de l'Éducation nationale.

Cela dit, on peut légitimement s'étonner qu'il faille encore (nous sommes en 2015) rappeler que nos gosses doivent aller à l'école pour apprendre à lire, écrire, compter et s'exprimer correctement dans la langue de Voltaire.

C'est un peu comme si on exigeait des éleveurs qu'ils nourrissent leurs vaches avec de l'herbe (et pas des farines animales), ou que l'on expliquait aux industriels de l'agroalimentaire que l'on ne peut pas transformer les vieilles carcasses impropres à la consommation en raviolis…

Pardon ? Je vous entends murmurer, là. Ah ! Ils l'ont déjà fait. Bon. Excusez-moi. Najat Vallaud-Belkacem a donc raison : en ces temps où tout fout le camp, la répétition peut aider à fixer la notion.

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vendredi 18 septembre 2015

Pertes et profits

Les marchands et les soldats marchent souvent en ordre serré. Rien de tel qu'une bonne guerre pour relancer l'économie, quand ce ne sont pas les affairistes qui poussent les politiques à ouvrir les hostilités pour se refaire une santé.

Ainsi va l'humanité depuis qu'elle marche sur deux pieds, dégageant ainsi ses membres supérieurs pour construire son avenir et tuer son prochain. Chaque conflit génère des profits à géographies variables et des fortunes diverses.

Gisements de pétrole, greniers à blé, nappes phréatiques et mines en tout genre suscitent tant de convoitises.

Mais n'oublions pas les accessoires. De migrations en rétablissement des frontières, cette année 2015, on peut déjà l'imaginer, sera extraordinairement profitable aux industries du bateau gonflable, du fil de fer barbelé et du béton armé.

Les pertes génèrent toujours des profits.

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mercredi 16 septembre 2015

Aimer

Claude Sérillon a raison. Dans Dire du mal, un tout petit bouquin qu'il publie aux éditions Descartes et compagnie, il pointe du doigt ce mal qui taraude notre vivre ensemble : le négativisme et la médisance.

On le savait, ça n'est pas nouveau : le Français est râleur et moqueur. Mais là où Sérillon a raison, c'est que nous avons probablement perdu le caractère constructif de notre sens critique et nos moqueries sont de plus en plus amères.

Beaucoup se complaisent dans la détestation du reste de l'humanité : collègues, autorité, famille… et bien évidemment le premier venu, surtout s'il n'a pas l'air bien de chez nous.

Bref, le sordide « haïssez-vous tous » a détrôné le vertueux « aimez vous les uns les autres ». On en viendrait presque à détester tous ces gens qui ne savent pas aimer. Mais ça n'en vaut pas la peine : ils n'attendent que ça pour continuer.

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vendredi 11 septembre 2015

Stylet

Sont vraiment très forts chez Apple, y'a pas à dire. Lors de leur conférence de presse (keynote) mercredi soir, ils ont dévoilé un nouvel accessoire pour leur Ipad Pro. Accrochez-vous bien, c'est révolutionnaire : après nous avoir appris à écrire avec les doigts, Apple nous propose un outil pour sortir du tactile.

C'est génial : c'est un peu comme un crayon, mais ça écrit sur l'écran. C'est dingue !

Vu comme c'est parti, on peut parier que la marque à la pomme va continuer sur sa lancée en commercialisant des gommes numériques, des bloc-notes virtuels, des règles, des équerres et des compas 2.0.

Poussons la logique plus loin et levons les secrets les plus jalousement protégés d'Apple : d'ici cinq ou six keynote, Tim Cook (le patron de la boutique) nous balancera un truc fabuleux : des cyberenveloppes dans lesquelles nous glisserons des weblettres écrites au stylet.

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jeudi 10 septembre 2015

Saisons

Que vous le vouliez ou non, les feuilles de l'administration fiscale vont tomber dans vos boîtes aussi inexorablement que celles des arbres sur le trottoir.

Alors évidemment, on se pose des questions. Est-ce que ça vaut la peine de travailler autant pour se faire délester d'une somme aussi lourde ? Est-il nécessaire de s'affranchir auprès de l'État d'un tel tribut ? Tous ces sous dont nous nous privons seront-ils utilisés à bon escient ?

Interrogations légitimes. Ce sont des questions que tout contribuable normalement constitué doit se poser, mais pas qu'en automne ou les jours d'élection.

D'ailleurs, quand on cherche à comprendre ce que son impôt devient, comment et avec quels moyens fonctionnent les écoles, les hôpitaux, ou les forces de l'ordre, on réalise qu'il faut que les feuilles tombent en automne pour que les arbres bourgeonnent au printemps.

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mercredi 9 septembre 2015

Neutralisons

Espérons que le paquet neutre limitera la consommation de tabac. Car si d'aventure la recette fonctionne, il faudra la généraliser.

En effet, dans la galaxie de la dope en France, outre les 14 millions de fumeurs de tabac, il y a du monde. 13,4 millions de Français ont déjà essayé le cannabis, 10 millions prennent des psychotropes, cinq millions sont alcooliques et 600.000 s'adonnent compulsivement aux jeux d'argent.

Ajoutez-y aussi les aliments transformés, gras et sucrés tels que les pizzas, le chocolat, les chips et cookies qui créent selon les scientifiques de véritables addictions. Bref, en mettant tout ça bout à bout, on en arriverait presque à un nombre de toxicomanes supérieur à celui de la population française.

Bref : et si on neutralisait leurs producteurs et revendeurs plutôt que leur camelote ? Ou alors c'est peut-être les consommateurs qu'il faut neutraliser.

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samedi 5 septembre 2015

Rituel

Halal, casher ou laïc ? Y'a quoi au menu ? Les enfants ont repris le chemin de la cantine en même temps que celui de l'école et voilà qu'on se redéchire sur la nourriture ritualisée.

Cela dit, le débat est un peu réducteur. Admettons qu'il faille que les abatteurs s'adressent à une divinité pour que les animaux soient comestibles. Fondamentalement, remercier la nature sous une forme divine ou pas est assez logique, puisque fondamentalement, c'est grâce à elle que nous subsistons.

Mais alors il faut aller jusqu'au bout : exigeons la ritualisation de la traite des vaches, de la cueillette des fruits et légumes, du pressage des huiles et de la mouture des céréales.

N'oublions pas non plus d'imposer à chaque consommateur croyant qui pollue cette planète où nous vivons ensemble de remercier chaque jour le dieu de son choix de ne pas l'avoir déjà envoyé en enfer.

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vendredi 4 septembre 2015

Opinion

Il vous arrive parfois, en voyant certains baromètres, de vous demander où les instituts de sondage vont chercher leurs sondés ? Rassurez-vous : c'est normal.

La preuve. « Comme pour tous les étudiants, la vie est difficile au niveau budgétaire. Mais voilà : j'ai découvert les sondages rémunérés et depuis, j'arrondis mes fins de mois. C'est simple et efficace, pas besoin de se déplacer : on vous contacte. Simplement, je donne mon avis sur certains sujets qui me concernent et cela ne me prend que peu de temps. »

Vous ne rêvez pas. Ce témoignage est publié sur un site web qui propose de recevoir « un paiement en espèces en complétant des sondages en ligne ».

Voilà, quoi. Jadis, les étudiants étaient recrutés par les professionnels de l'opinion publique pour aller poser des questions au porte-à-porte à de vrais gens. Aujourd'hui, ils se font de l'argent de poche en répondant à leur place sur Internet.

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jeudi 3 septembre 2015

Récurer

On nous avait pourtant promis que c'était fini, terminé, liquidé. Mais non. Les parachutes dorés, ça continue et celui de l'ex-PDG d'Alcatel-Lucent, Michel Combes, nous rappelle les limites du courage politique.

Que faire ? C'est simple. C'est comme à la maison. Une polémique récurrente, c'est un peu comme l'assiette sale qu'on laisse tourner dans le lave-vaisselle pendant des semaines, parce qu'à chaque fois qu'on le vide, on la retrouve désespérément dégueulasse. Du coup, on la remet dedans.

C'est idiot. Un moment donné, faut bien comprendre qu'il est temps de la sortir, de la mettre dans l'évier et d'utiliser une éponge qui gratouille, de l'huile de coude qui fatigue et de la poudre qui récure (avec un seul " r ", contrairement à cette polémique).

Certes, ça prend du temps, ça salit les mains et ça abîme les doigts, mais ça fonctionne. En en plus, ça libère de la place dans la machine.

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mardi 1 septembre 2015

Tableau

Vous aurez probablement remarqué ce matin en conduisant vos enfants à l'école pour cette rentrée scolaire, qu'ici ou là un nouveau tableau noir (ou vert) aura disparu de l'établissement.

C'est comme ça. Ce sont les nouveaux dinosaures de l'Éducation nationale, impitoyablement chassés par des prédateurs aux noms barbares, les ENS (espace numérique de savoir) et les TNI (tableaux numériques interactifs).

Certes, on ne peut ignorer le caractère nocif de la craie et de nombreux enseignants vous diront qu'ils ne supportaient plus le contact permanent avec la poussière de carbonate de calcium. Mais tout de même !

Comment retenir les opérations les plus obscures ou les règles grammaticales les plus absconses sans l'aide de cet horrible bruit strident s'échappant du tableau au moment où l'enseignant les note ?

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lundi 31 août 2015

Pointeuse

Mais à quel degré d'abrutissement en est arrivé le débat politique français ?

Nous sommes en 2015. Les nouvelles technologies et les réseaux permettent d'accomplir des prouesses de productivité, mais la remise en cause du temps de travail fait toujours polémique et des idiots s'y engouffrent, prompts à agiter un chiffon rouge qui n'excite plus que les taureaux les plus incultes.

La question n'est plus depuis des lustres de savoir combien d'heures par semaine il faut travailler, mais quels objectifs une entreprise veut atteindre, quels moyens – humains et techniques – elle est prête à mettre en place pour y parvenir et comment elle entend redistribuer la richesse produite en cas de succès.

Bref, ce débat sur les 35 heures aujourd'hui est une sorte d'hommage à la pointeuse, machine à confondre les bosseurs et les autres pour peu qu'ils arrivent et partent à l'heure.

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samedi 29 août 2015

Exode

Alors que la Méditerranée vit un drame dont l'Europe doit assumer les conséquences, par un curieux détour sémantique, nous collons encore aux faits l'étiquette « migration ».

Drôle de pudeur langagière. Comme s'il s'agissait d'opportunistes attirés par nos paradis sociaux… Non. Ces pauvres gens étouffés dans des camions à volaille ou naufragés dans des bateaux d'infortune ont fui l'horreur, la tyrannie, la monstruosité, la barbarie, l'horreur, l'arbitraire, la dictature… Qui n'en ferait pas autant ?

Nous en connaissons, nous aussi, des exilés. Et pas que des fiscaux. Que serions-nous devenus si l'Angleterre avait refoulé aux frontières un certain Charles de Gaulle ou si Albert Einstein était mort en exil ?

Ne devons-nous pas être fiers d'avoir accueilli Marc Chagall, Maria Casarès ou Milan Kundera ?

En tout cas ne parlons plus de crise migratoire. Nous sommes confrontés à un exode.

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vendredi 28 août 2015

Camarade

C'est comme un serpent de mer dessiné à la craie sur les tableaux de chaque rentrée scolaire.

Nos rejetons croulent sous le poids de leurs cartables, qui pèsent en moyenne quelque 8,5 kg d'après la FCPE. Pourtant, en 2008, le ministère de l'Éducation nationale a publié une circulaire sur le sujet et il préconisait de ne pas tolérer un sac dépassant 10 % du poids de l'enfant.

Essayez un peu de porter un sac à dos pesant plus de 10 % de votre poids et vous comprendrez le problème...

En attendant la mise en place du double jeu de livres (un dans l'établissement et l'autre à la maison) ou la généralisation des tablettes numériques, certains parents achèteront à leurs enfants des cartables à roulettes, quitte à ce que leurs copains se cassent la tête en se prenant les pieds dedans.

Entre la scoliose et les bleus au genou, camarade de classe, choisis ton camp !

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jeudi 27 août 2015

Depuis

Mardi à 19 h, nous étions quelque 7.362.440.307 personnes à nous partager cette planète. Depuis, cinq ou six centaines de milliers de bébés ont poussé leur premier cri et la population mondiale va continuer à croître pour atteindre les 8 milliards en 2025 et dépasser les 11 en 2100, selon les enquêtes des Nations unies.

Depuis le Sommet de la Terre de Rio, l'ONG Global Footprint Network calcule tous les ans le jour où l'humanité dépasse sa capacité à reconstituer ses ressources et absorber ses déchets, y compris le CO2.

Le « jour de dépassement » est de plus en plus précoce. Au milieu des années 1990, il tombait en novembre. En 2000, c'était le 1er octobre. Cette année, nous l'avons atteint le 13 août.

Depuis, l'humanité a épuisé le budget écologique annuel de la planète.

Bref : depuis deux semaines, nous vivons à crédit.

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mardi 25 août 2015

Capital

Karl Heinrich Marx, Vladimir Ilitch Oulianov (Lénine) et Lev Davidovitch Bronstein (Trotsky) n'ont pas fini de se retourner dans leur tombe.

Les empires communistes qu'ils levèrent voici une centaine d'années n'en finissent pas de les décevoir. Depuis Iossif Vissarionovitch Djougachvili (Staline), l'Union des républiques socialistes soviétiques est devenue un cauchemar démocratique transformé en paradis libéral par ses successeurs.

Cuba, oubliant ses missiles, s'est rabiboché avec le grand satan étasunien et la Corée du Nord a perfectionné l'art de la dictature. Et la République populaire de Chine ? Ses spéculations font la pluie et le beau temps sur les places boursières mondiales.

En fin de compte, ce n'est pas le bonheur de la classe ouvrière que les pays communistes ont internationalisé, mais son exploitation par le grand capital.

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lundi 24 août 2015

Distances

Trois blessés ou seulement deux ? Un comédien célèbre touché par une balle ou simplement égratigné par un morceau de verre ? Deux héros ou quatre ? L'acte d'un détraqué ou celui d'un terroriste ?

La tentative d'attentat du Thalys s'ajoute à la désormais longue liste des informations maltraitées par l'immédiateté. On a tout entendu et son contraire, depuis les messages des passagers sur les réseaux sociaux jusqu'aux communiqués des autorités en passant par les chaînes d'information en continu où des experts patentés commentèrent allégrement des hypothèses invérifiables.

Certes, les TGV sont rapides, les débits hauts et les flux tendus. Mais tout de même… Que d'écarts entre les bruits et les faits. Quel éloignement entre les commentaires à chaud et la véritable histoire.

La vitesse ne réduit pas les distances : elle en donne juste l'illusion.

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lundi 10 août 2015

Vacances

A la question « cet été, du 15 juin au 15 septembre, quel budget envisagez-vous de consacrer à vos vacances ? » que posaient récemment les sondeurs d'un institut à un panel représentatif de Français, une personne sur trois répondait « que tchi », « nada », « wallou », « que dalle »…

Plus précisément, ils sont 34 % à être certains de ne pas être coincés cet été dans les bouchons. Qui sont-ils, ces condamnés au surplace estival ?

Le plus souvent les personnes âgées et bien évidemment les catégories les plus pauvres, rémunérée au Smic ou en deçà. Est-ce que ça empire ? C'est relatif.

En 2005, étaient 32 % à rester claquemurés mais au plus fort de la crise financière, en 2008-2009, cette proportion atteignait les 42 %.

Bref, l'emploi et le pouvoir d'achat n'ont pas fini d'être les enjeux principaux de ce pays, même si le ministère du Travail, faute de locataire, est en vacances.

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jeudi 9 juillet 2015

Loup

Quel est notre plus redoutable prédateur ? Les réponses apportées par l'Organisation mondiale de la santé ne manqueront pas de vous surprendre.

Les requins ? Non. Ils ne sont responsables que d'une dizaine de morts par an, tout comme les loups, d'ailleurs. Les lions ? Pas davantage : ils ne font guère pire. On passe la centaine de victimes avec les hippopotames, le millier avec les crocodiles et les 2.000 avec le ver solitaire.

Ce sont les mouches tsé-tsé qui commencent à tutoyer les 10.000 et les chiens qui atteignent les 40.000. Arrivent ensuite les serpents (50.000) et les escargots d'eau douce (100.000). Qui est donc au top ? L'homme, responsable chaque année du meurtre de 475.000 de ses congénères.

Sans les moustiques (725.000), il serait même son principal prédateur. Bref, l'homme n'est pas un loup pour l'homme : il est pire que ça.

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mercredi 8 juillet 2015

Selfie

Terrible fait divers chez nos amis d'outre-Manche, où un Britannique d'une cinquantaine d'années est mort lors de l'ascension du mont du parc de Brecon Beacons avec son groupe d'élèves alors qu'il voulait immortaliser l'instant.

Plus précisément par un selfie (un de ces fameux clichés de soi-même avec d'autres derrière pris en retournant le smartphone vers soi) qui font des ravages sur les réseaux sociaux.

Le phénomène est tel que l'art s'est perfectionné : certains n'ayant pas le bras assez long, des petits malins ont fait fortune en commercialisant des perches à selfie. Voilà donc notre Britannique tendant sa tige métallique, oubliant que comme souvent au pays de Shakespeare, l'orage gronde.

Arriva ce qui devait arriver : l'homme fut foudroyé. Et là, on se dit qu'en fin de compte, c'est quand même sympa de demander à quelqu'un de vous prendre en photo.

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mercredi 1 juillet 2015

Sédentaires

Quatre Français sur cinq ne pratiquent pas assez d'activité physique ou sportive au quotidien, selon une récente étude d'Assureurs Préventions sur le niveau d'activité et de sédentarité de la population française.

Pire : depuis l'année dernière, une diminution de 15 % a été constatée. Pourquoi ? La dictature de la bagnole, évidemment, le développement des transports en commun, aussi, l'électrification des vélos, ne l'oublions pas… et le temps passé devant la télé, le smartphone, la tablette ou l'ordinateur.

Le résultat, on le connaît : la sédentarité favorise le cancer du sein, du côlon, les maladies cardiaques et le diabète… Il est donc urgent pour l'humanité de se ressaisir si elle veut assurer son avenir.

La solution est simple : boucler tous ses écrans dans le coffre de son automobile, enfermer cette dernière dans le garage et en jeter la clé le plus loin possible.

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mardi 30 juin 2015

Surgelé

Maux de tête, nausées, vomissements, propos incohérents, convulsions ? perte de connaissance…

Les conséquences de la chaleur sur l'être humain peuvent être terribles. Boire régulièrement de l'eau sans attendre d'avoir soif, se rafraîchir, éviter aussi de sortir aux heures les plus chaudes, avoir sous la main brumisateur et ventilateur… Quand la canicule approche, il faut prendre ses précautions.

Mais nous ne sommes pas les seuls êtres vivants à devoir changer de régime quand les températures montent. Les animaux du zoo de Jurques, dans le Calvados, en Basse-Normandie, ont ainsi droit à des friandises estivales spéciales : esquimaux aux fruits rouges et jus d'orange glacés pour les primates, poissons congelés pour les loutres et les manchots, sorbets de sang et viande rouge pour les félins…

Évidemment, les mouches font un peu la gueule.

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mardi 23 juin 2015

Des tartines

C'était bien la peine d'en faire des tartines ! Nutella et ses abus d'huile de palme, sa déforestation, ses morts de singes…

Notre ministre de l'environnement a dû s'en mordre les doigts, condamnant, puis s'excusant, une majorité de sondés venant lui donner tort de s'attaquer à cette gâterie calorifique qui s'étale sur les tartines des Français. Et pourtant…

Tous les nutritionnistes vous le diront : ces aliments composés majoritairement de sucre et d'huile sont une catastrophe. Mais la réalité économique est là, le chiffre d'affaires total du groupe italien de confiserie Ferrero était l'an dernier en hausse de 4 % à 8,4 milliards d'euros. Face à une telle puissance économique multinationale, un ministre français ne pèse pas bien lourd.

Bref, commedisait Lionel Jospin à la fin du siècle dernier, « il ne faut pas tout attendre de l'État ».

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samedi 20 juin 2015

Que d'eau

Nicolas Sarkozy a encore abusé de ses métaphores glissantes et le voilà noyé sous les critiques.

Curieusement, c'est toujours dans le même registre : celui de l'eau. Car sa comparaison de l'immigration à une fuite que l'Europe essaierait de répartir plutôt que de la réparer, nous renvoie étrangement à juin 2015, quand, alors ministre de l'Intérieur, il promettait de « nettoyer » au « Kärcher » la cité des 4.000 à La Courneuve.

Reconnaissons qu'il n'est pas le seul à surfer sur cette vague et à utiliser les mêmes tuyaux. On se souvient du plombier polonais évoqué par Frits Bolkestein pour justifier sa directive de libéralisation des services.

Bref, on sent bien chez nos puissants ce souci de faire plus blanc que le blanc, cette envie de se mouiller pour laver leur linge sale, mais attentions aux fuites verbales : elles peuvent faire déborder le vase.

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mercredi 17 juin 2015

Réchauffement

On a parfois du mal à imaginer les bouleversements en chaîne induits par le réchauffement global en cours sur le règne animal. Migration, extinction ou prolifération de certaines espèces… Tout cela est un peu abstrait.

Enfin, était un peu abstrait. Car figurez-vous que certains ours polaires ont décidé de nous offrir un exemple. L'ours blanc se nourrit principalement de phoques. Cela dit, il ne rechigne pas à se mettre de la baleine blanche ou du narval sous la dent.

Cette fois, certains ont jeté leur dévolu sur des dauphins… dans l'Arctique ? Oui ! Que faisaient-ils là ? C'est une conséquence probable, selon des scientifiques, du changement climatique qui rapproche des espèces jusqu'alors sans interactions connues.

Décidément, ces histoires de réchauffement, ça fait froid dans le dos.

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jeudi 11 juin 2015

Des bêtes

Le ministre de l'Agriculture a raison : « La recherche de la rentabilité économique ne peut s'affranchir du respect des règles environnementales et du bien-être animal. »

Que nous vaut ce sursaut de conscience ministériel ? La ferme des mille vaches, dans la Somme, où 796 animaux ont été recensés alors qu'en 2013, un arrêt préfectoral avait limité à 500 le nombre de têtes. Comme on pouvait s'y attendre, les conditions de travail sont désastreuses au sein de la ferme picarde et les vaches laitières, en surnombre, y sont maltraitées.

Alors ? Une fermeture administrative ? Non. L'entreprise sera simplement sanctionnée.

Ça vous étonne ? Ça ne devrait pas. De la viande de cheval dans les raviolis, des vaches et des poissons nourris aux farines animales, des poules gavées d'antibiotiques… On se demandera une fois de plus qui, de l'homme ou de l'animal, est le plus bestial.

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mardi 9 juin 2015

Timbrés

Une curieuse lettre a été interceptée par une factrice qui l'a découverte parmi les documents qu'elle avait à distribuer.

Postée à Crozon, elle a été affranchie avec cinq timbres sur lesquels apparaît de profil… le maréchal Pétain ! Problème : ces timbres, émis entre 1941 et 1943, sont interdits depuis la Libération, la condamnation du maréchal Pétain et la mesure d'indignité nationale prononcée contre le chef du régime de Vichy.

La lettre a donc été transmise au centre de La Poste de Libourne, en Gironde, le seul où l'ouverture des courriers est autorisée. Elle sera confiée au Parquet qui décidera si des poursuites doivent être engagées.

Et si procès il y a, peut-être l'auteur de la missive invoquera-t-il pour sa défense Éric Zemmour qui, dans son livre Le Suicide français, rend hommage au maréchal. Peut-être saurons-nous alors lequel des deux est le plus timbré.

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mercredi 3 juin 2015

Travail, famille...

Décidément les temps sont durs entre Marine Le Pen et le père, qui est aussi le sien, de ce parti qu'il a cofondé en 1972 alors que la nouvelle présidente avait quatre ans.

Mais elle a grandi, la Marine, et à bonne école. A croire que les services rendus par le père en Algérie ont inscrit dans les gènes de la famille la culture du putsch chez les généraux. C'est qu'il a la peau et la dent dure, le vieux.

Après avoir été suspendu, début mai, par les instances dirigeantes du parti, il conteste son exclusion du FN en justice. Un préalable probable à la création d'une nouvelle formation politique par ce patriarche qui aime la boxe. Encore faudra-t-il trouver un nom à cette formation, ce qui est assez tendance ces derniers temps à droite.

Après les Républicains de l'UMP, les Patriotes du FN ? Qu'une famille se déchire pour garder son travail au nom de la patrie… L'histoire n'est jamais avare en ironie.

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mardi 2 juin 2015

Train-train

Comme les vaches au bord de la voie ferrée, les Français ont encore vu passer un nouveau train de mesures de simplification pour les particuliers.

C'est un exercice obligé pour tous les gouvernements : il faut faire savoir que les fermiers se soucient du troupeau, de sa santé, de son alimentation, de son moral. Il faut dire que quand on souhaite une bonne traite, tout cela compte énormément.

Manque pourtant quelques règles essentielles, comme l'interdiction du foutage de gueule, des euphémismes et de la langue de bois.

On suggérera aussi pour le prochain train de mesures la peine capitale pour les pollueurs. Enfin, vu que les trains n'arrivent jamais à l'heure, que les avions s'écrasent et que les routes tuent, la marche à pied devrait être obligatoire.

D'ailleurs, il serait temps que les mesures arrêtent de se déplacer en train.

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mardi 19 mai 2015

Areuh

L'homo habilis est probablement le premier de nos ancêtres à avoir articulé des mots, voici plus de deux millions d'années.

Et aujourd'hui ? On sait que les bébés commencent à gazouiller aux alentours de sept mois. Ils répètent des syllabes. C'est une sorte de gymnastique destinée à leur permettre, plus tard, de faire l'acquisition du langage.

Par ailleurs, à en croire les récents résultats d'une étude scientifique parus dans la revue Developmental Science, selon les chercheurs de l'université McGill et de l'université du Québec à Montréal, les bébés seraient bien plus sensibles aux gazouillis des autres bébés qu'au timbre de voix des adultes.

Bref, les bébés parlent juste pour faire du bruit entre eux et n'écoutent pas ce que leur disent leurs aînés. Cela dit, on notera au passage que beaucoup d'adultes utilisent leur bouche selon les mêmes critères.

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mardi 12 mai 2015

Allitération

Sachez-le : que ça vous chiffonne ou que ça vous chante, dans cette société qui s'effiloche, vous êtes fichés. Tous. Sans exception.

Le maire de Béziers et son envie de ficher les élèves musulmans n'est que la face émergée d'un iceberg fichtrement échafaudé. Les fauchés, les chauffards, les affranchis, les faucheurs, les flashés… Même les fachos… Tout un chacun a sa fiche depuis que l'homme a flanché dans le flicage de ses congénères.

Assez chafouins, les ficheurs ont même pris la choquante habitude de chouffer pour chiper les chiffres sans se faire chopper. Tous, donc, sauf ce fichu maire de Béziers qui nous chauffe avec son envie de ficher les élèves musulmans.

Pourquoi s'est-il échiné à afficher cette envie d'enfichage fascisant ? Pour que nous nous écharpions comme des chiens sur son choix. Les fiches, en fait, il s'en fiche. Ce qui le chatouille, c'est qu'on se fâche.

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mercredi 1 avril 2015

Bitoniau

L’homme a besoin de croûter pour survivre. C’est comme ça. Son ancêtre le plus lointain, qui vivait au fond des océans, était un ver constitué d’une bouche, d’un tube digestif et d’un anus.

Au fil de l’évolution, les choses se sont perfectionnées. Développant sa masse cérébrale en se hissant sur ses pieds, l’homme a chassé, puis cultivé la terre pour subsister.

La suite est moins héroïque. Usé par des siècles de travail acharné, l’homme a inventé les supermarchés, mais comme c’était fatiguant de pousser un chariot, il a inventé Internet pour commander en ligne.

Et puis voilà l’arme ultime : le géant du e-commerce Amazon vient de dévoiler le Dash Button, une sorte de boîte à bouton pour commander d’une simple pression le produit qui manque.

Et demain ? Le doigt robotisé obéissant à vos pensées pour appuyer sur le bitoniau à votre place.

vendredi 27 mars 2015

Crétins

Meerkat et Periscope… Si vous ne les connaissez pas encore, il va falloir vous y habituer. Ce sont des applications qui permettent de diffuser de la vidéo en direct depuis un smartphone. On parle de « live » chez initiés.

Pour quoi faire ? Partager avec vos amis la jolie binette de vos enfants qui plongent dans la piscine (les cyberpédophiles apprécieront).

Autre exemple : vous tombez un mec qui massacre son voisin à coup de batte. Vous faites quoi avec votre téléphone ? Vous balancez en direct à votre communauté la scène (les chaînes d'info en continu vont adorer). Utiliser le même appareil pour appeler les secours ? Vous avez oublié ? Dommage : le voisin ne respire plus.

On trouvera même probablement un crétin capable d'envoyer les images d'une voiture qui lui fonce dessus, parce que c'est sensationnel. Et là, le live, il sera mort.

jeudi 19 mars 2015

Grand couillon

S'invectiver à tout-va, c'est mal. Sauf quand c'est pour rire.

C'est un des socles de notre chère démocratie, où, ce début d'année 2015 nous l'a tragiquement rappelé, la liberté d'expression est un combat.

C'est sur ce fondement en tout cas que la cour d'appel de Paris a débouté Marine Le Pen qui poursuivait l'hebdomadaire Marianne pour injure et l'humoriste Nicolas Bedos pour complicité. Ce dernier l'avait en effet qualifiée de « salope fascisante » dans une chronique parue en 2012.

Pourquoi ? Parce qu'il est « parfaitement clair pour tout lecteur que la chronique en cause se situe dans un registre aux accents délibérément provocateurs et outranciers, revendiqué comme tel », avait estimé la justice en première instance.

Nous avons donc aussi parfaitement le droit d'écrire ici que Nicolas Bedos est un grand couillon prêt à tout pour faire parler de lui.

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mercredi 18 mars 2015

Formes

Les mannequins sont trop maigres. C'est un vieux débat.

On se souvient des affiches avec Isabelle Caro, dénonçant cet impératif du filiforme qui a fini par la tuer. Elle racontait dans nos colonnes (c'était en 2008), ces histoires des filles qui ne mangeaient plus rien, pourquoi elle se mettaient à fumer pour chasser la faim, comment cette image de la « beauté » féminine imposait l'anorexie dans l'inconscient des jeunes filles via cette apologie hypermédiatisée, cette dictature de la mode.

Alors évidemment, on ne peut qu'applaudir cette volonté d'interdire le recours aux mannequins dénutris.

Reste une question : pourquoi, dans ce monde absurde ou la malnutrition est subie plus que choisie, les créateurs et couturiers encouragent-ils encore la promotion de la peau sur les os ?

Et si, sur un portemanteau humain décharné, une robe mal foutue était plus facile à vendre ?

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mardi 17 mars 2015

Zlatan

Que Zlatan Ibrahimovic se rassure : une grande partie de la population française se fout absolument de savoir si notre bon pays « de m… » mérite ou pas le PSG.

Les soirs de grandes rencontres footballistiques, les chaînes qui paient à prix d'or les droits de diffusion des matchs pour vendre de la lessive et des boissons gazeuses réunissent une quinzaine de millions de téléspectateurs. Sur une population française de quelque 66 millions d'habitants, ça n'est pas ce qu'on appelle une majorité écrasante.

Que font les autres personnes ? Elles vont au cinéma, regardent des films ou des séries télévisées, lisent des livres ou racontent des histoires à leurs enfants. Certains même jouent à la balle, dehors, pour de vrai et sans coupures publicitaires.

Bref : une écrasante majorité de la population française se fout des états d'âme de Zlatan Ibrahimovic.

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vendredi 13 mars 2015

De mal en pis

Qui sont les véritables victimes du cartel du yaourt ? Les consommateurs, qui ont acheté leurs produits laitiers à des prix anormalement élevés ? Pas seulement.

N'oublions pas ces pauvres bêtes qui fournissent la matière première de ces immondes trafics. Avant de les spolier des justes dividendes de leur honnête production, l'espèce humaine les a privées de leurs verts pâturages pour les élever en batterie où seuls les antibiotiques retardent l'issue d'un abattage aussi rituel que brutal avant de finir en hachis cher vendu.

Elle a même sélectionné des laitières productives tellement difformes que leurs pattes peinent à supporter le poids de leurs pis. Sans parler de ces temps où elle leur faisait avaler les cendres de leurs congénères.

Dans un tel contexte, que les humains s'arnaquent entre eux sur les prix des produits laitiers ne surprendra personne.

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vendredi 6 mars 2015

Cafard

La planète va mal : dérèglement climatique, terrorisme, mouvements migratoires incontrôlés, pillage des ressources, concentration des richesses…

Le pire est à venir avec une crise alimentaire qui ne fera qu'enfler, la population mondiale augmentant plus vite que ses moyens de subsistances.

Bref : imaginer l'avenir de la Terre fout le cafard. Tiens, d'ailleurs, en parlant de cafard, bonne nouvelle : d'après des études scientifiques, le taux de protéines des insectes comestibles est supérieur à celui des végétaux ainsi qu'à celui des viandes, œufs et volailles. Le problème, c'est que l'être humain n'est pas prêt.

Ainsi, un client de la chaîne de fast-food Ed's Easy Diner à Gateshead, au nord-est de l'Angleterre, tombant sur une chenille dans son hamburger, s'est fait rembourser son repas. Quand on pense qu'il aurait pu avaler gratuitement des protéines supplémentaires…

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jeudi 5 mars 2015

Tous partis

Voilà donc que le patron de l'UMP dénonce le FNPS. Une réponse du berger à la bergère, le FN jouant sur l'UMPS et le PS avec le FNUMP depuis la dernière campagne présidentielle.

On sent bien la porosité des camps et l'érosion absolue du clivage gauche-droite. Depuis l'effondrement du mur de Berlin, des bastions ouvriers ont basculé à l'extrême droite tandis que cette dernière récupérait le rôle de tribun de la plèbe, jadis monopole du PCF.

Dans le même temps, la droite traditionnelle s'est mise à titiller le réflexe sécuritaire, le niveau acceptable d'immigration et l'identité nationale. Et pour couronner le tout, la gauche de gouvernement a décidé que son ennemi n'était plus la finance et que même, le libéralisme, ça n'était pas contre nature.

Bref, vu comment les partis sont partis, il ne faudra pas s'étonner que les électeurs le soient aussi.

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mercredi 4 mars 2015

Étalons

Puisque dans toute chose, il faut de la mesure, voilà une étude qui va apporter un peu de pondération dans un débat qui traîne en longueur et finit souvent par devenir lourdingue : quelle est la taille d'un pénis normalement constitué ?

Une équipe de chercheurs a rassemblé les données de plusieurs études scientifiques menées auprès de plus de 15.500 hommes dont le pénis avait été mesuré selon un protocole défini par des professionnels de santé. Il en résulte une étude publiée dans la revue d'urologie spécialisée, le BJU International.

Mais venons-en à l'essentiel. Le pénis moyen mesurerait donc 9,16 cm au repos et 13,12 en érection. Quant à sa circonférence moyenne, elle passe de 9,31 cm au repos à 11,66 cm en érection.

On notera que les enquêtes sur les dimensions du vagin moyen suscitent beaucoup moins de débats.

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samedi 28 février 2015

La robe

L'humanité se divise en deux catégories.

Les hommes et les femmes ? Non. Le nord et le sud ? Pas davantage. Les partisans d'une intervention de troupes au sol dans la lutte contre les djihadistes et les défenseurs des frappes aériennes ? Pas plus. Les promoteurs d'une économie à deux chiffres et les militants de la décroissance ? Que nenni.

Depuis quelques jours, le vrai clivage est entre ceux qui voient une robe en noir et bleu et ceux qui la voient en blanc et or. Quelle robe ? Tout est parti d'un appel lancé par une internaute qui a posté la photo de l'objet de la polémique : « Les gars, aidez-moi s'il vous plaît ! Cette robe est-elle blanche et dorée ou bleue et noire ? Mes amis et moi ne sommes pas d'accord et c'est la panique ! » En quelques heures, plusieurs dizaines de millions de personnes ont consulté la page pour donner leur avis.

Qui a dit que les gens ne se mobilisaient plus pour les grandes causes ?

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vendredi 27 février 2015

Miam

Vous n'aurez probablement pas oublié la fameuse campagne de la chaîne de restauration rapide brésilienne Bob's qui, voici un an, avait lancé une idée novatrice : proposer aux clients un emballage de hamburger mangeable.

Coup de pub mondial assuré, les vidéos de ces gens avalant leur sandwich dans son papier confectionné à partir de farine de riz avaient fait le tour de la planète.

Et voilà que ça recommence ! Cette fois, c'est KFC qui propose aux clients de croquer leur tasse de café, faite avec du biscuit enveloppé d'un papier de sucre et d'une couche de chocolat blanc qui ne fond pas pour garder le café chaud et le biscuit croustillant.

Encore un petit effort et le fast food vous proposera des pailles en sucre et des plateaux en biscuits. Les poubelles disparaîtront et vous serez priés de lécher la table avant de sortir.

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Billet initialement publié ici.

mercredi 11 février 2015

L'enfer

On ne se lassera jamais de constater que dès qu'il s'agit de parler d'argent, c'est le registre religieux qui est invoqué.

Aux cieux des anges des affaires, celui qui fait bonne fortune est béni des dieux tandis que le misérable perdant est damné.

Du coup, on ne sera pas surpris du fait que tous ces avoirs que les nantis accumulent miraculeusement, ils les placent dans les paradis fiscaux. Ils comptent sur des archanges gardiens bien armés pour protéger leurs bons comptes de la convoitise de ces maudits manants qui sont prêts à vendre leur âme au diable pour se repaître des biens immérités.

Qu'en disent les textes sacrés ? Que « l'amour de l'argent est une racine de tous les maux ; et quelques-uns, en étant possédés, se sont égarés loin de la foi, et se sont jetés eux-mêmes dans bien des tourments ».

Du paradis fiscal aux tourments de l'enfer, il n'y aurait donc pas même l'espace d'un purgatoire.

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Billet initialement publié ici.

vendredi 30 janvier 2015

Macronisons tout

Et si Emmanuel Macron avait raison ? Et si la défense de « la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques » ne se limitait qu'aux seuls secteurs que sa loi prévoit de réformer ?

Pourquoi, en effet, laisser aux diplômés des grandes écoles de commerce ou d'ingénieurs le monopole des postes stratégiques dans les entreprises ?

Au nom de quel principe républicain les plus hautes fonctions politiques devraient-elles n'être assumées que par les diplômés de Sciences-Po et de l'Éna ?

Si ça se trouve, votre plombier aurait fait un excellent Premier ministre, votre boulanger, un marketeur phénoménal et votre facteur avait tout le potentiel pour devenir un ingénieur remarquable.

Les murs à faire tomber pour garantir « la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques » sont en effet nombreux. Surtout dans la tête de ceux qui les construisent.

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Billet initialement publié ici.

lundi 12 janvier 2015

Bastille

Paris, 11 janvier 2015, 17 h, la Bastille est noire de monde. Un peu plus tôt, avant que les cortèges déferlent, des cars de policiers sont arrivés sous les applaudissements de la foule. A l'intérieur, un agent ne va pas tarder à vivre un moment unique. Une fillette s'approche de lui pour lui proposer de poser à ses côtés pour un selfie. « C'est la première fois qu'on me le demande », confiera-t-il, plus tard, entre sourire et larmes d'émotion.

Le soleil commence à se coucher. La foule est de plus en plus dense. Michel, 64 ans, n'en revient pas. « J'ai beaucoup pratiqué de manifestations ces trente dernières années à Paris et c'est la première fois que je vois autant de monde. » Comment l'expliquer ? « Par ce sentiment d'unité nationale retrouvée dans la douleur », explique-t-il. Il précise : « Les événements terribles que nous avons vécus et la colère contre la barbarie ont ravivé notre envie de défendre nos valeurs républicaines, au premier rang desquelles la laïcité. La France découvre qu'elle est en guerre, ce que les politiques ont trop longtemps tardé à l'expliquer comme il fallait. Nos libertés ont un prix, celui du sang et ceux qui sont ici sont prêts à l'assumer. »

C'est le cas de Véronique, 55 ans : « Nous sommes un pays démocratique et laïc dans lequel on a le droit de s'exprimer. La liberté d'expression, c'est le droit le plus important. Il mérite qu'on se batte pour le défendre. » Juste à côté d'elle, André, 53 ans, ajoute : « La liberté d'expression, on la place tout en haut, juste à côté du respect de l'autre ».

La crainte semble absente du cortège. « C'est important d'être là aujourd'hui pour montrer que nous n'avons pas peur », explique Elsa, 27 ans. « On va leur faire comprendre (aux terroristes) que le peuple français est soudé en cette heure tragique », ajoute son compagnon, Grégory, 28 ans.

Au centre de la place de la Bastille, la colonne de juillet devient le théâtre d'un chœur improvisé qui entonnera à plusieurs reprises La Marseillaise pendant la soirée. La foule applaudit, reprend en chœur. Charlie est partout. Sur les pancartes et dans les esprits. « Cabu, c'est quelqu'un que j'ai découvert quand j'avais 10 ans, raconte Mickael, 45 ans. Mon père me l'a fait connaître. C'est quelqu'un qui nous accompagnait, nous faisait rire et réfléchir depuis des années. Charlie, c'est notre culture. Charlie, on nous l'a arraché. »

Il fait nuit, il devient quasiment impossible de se déplacer au milieu de cette phénoménale marée humaine. Une ambulance se fraye cependant un chemin pour transporter une jeune femme victime d'un malaise. Les gens se serrent, quitte à s'en couper le souffle, pour la laisser passer. On peut palper comme rarement une solidarité que Françoise, 66 ans, décrit parfaitement : « Depuis 1789, nous avons instinctivement ce réflexe de défense de nos libertés. Ce mouvement, aujourd'hui, est unanime et spontané. Il a dépassé tous les clivages. » Nous sommes bien place de la Bastille.

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Reportage initialement publié ici.

mardi 6 janvier 2015

Ombre

La recette d'un succès de librairie ? Du Suicide français d'Éric Zemmour, avec son éloge au gouvernement de Vichy, à la Soumission de Michel Houellebecq et son président de la République musulman, tourner le couteau dans cette vieille plaie française post-colonialiste et toujours béante : la peur de l'envahisseur.

Et c'est facile : le solde de la collaboration n'est toujours pas réglé, pas plus que celui de la guerre d'Algérie.

Le petit peuple est condamné à la cage d'escalier squattée par les dealers parce que l'ascenseur social est en panne.

A force d'avoir touillé laïcité, identité nationale, communautarismes, mariage pour tous, théorie du genre et parentalité, on se méfie du vivre ensemble...

Quand l'occident voit l'orient ? Il craint son nombre.

Quand il se regarde ? Il a peur de son ombre.

Arnaqueurs

La fraude détectée par les organismes de Sécurité sociale a atteint 636 millions d'euros en 2013 (soit une augmentation de 13 % par rapport à 2012), selon le bilan annuel de la délégation nationale à la lutte contre la fraude.

Voilà une coquette somme à ajouter à celles du financement occulte de partis politiques, des emplois fictifs, des trafics de stups, de pièces détachées ou encore du travail dissimulé.

Mais nous sommes loin des chiffres de l'évasion fiscale. En 2013, la lutte contre cette fraude a rapporté 10 milliards d'euros à l'État. Et pour 2014, on devrait atteindre les 8 milliards d'euros.

Et ça n'est que la partie émergée de l'iceberg. Début 2013, un rapport du syndicat Solidaires-Finances publiques révélait que les différentes formes d'évasion et de fraude fiscale s'élevaient à près de 80 milliards d'euros… soit à peu près l'équivalent du déficit de l'État.

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Billet initialement publié ici.