lundi 29 septembre 2014

Un train de sénateur

Vous avez vu ? On a encore voté pour des sénateurs, dimanche. Enfin, pas vous ni moi. Nos élus grands électeurs.

Et on se perd encore en conjectures sur la réforme de ce machin censé représenter une France rurale dans une société hyperurbanisée dont on ne sait pas trop à quoi il est indispensable.

Mais c'est comme ça. « Coûteux », « conservateur », « clientéliste », ce club d'aînés n'a jamais cessé d'être contesté depuis sa création en 1875.

« L'anomalie parmi les démocraties », comme disait Jospin en 1998 a résisté à toutes les réformes et même le général de Gaulle s'y est cassé les dents avec son référendum du 28 avril 1969 proposant sa quasi-suppression. Le grand Charles avait dû démissionner et la chambre haute perdure.

Bref, la révolution des institutions avance… à un train de sénateur.

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Billet initialement publié ici.

jeudi 18 septembre 2014

Un mal, des mots

Et revoilà une cabale à deux balles : après les « sans dents » de François Hollande, voici les « illettrés » de Macron, le ministre de l'Économie ayant osé dire qu'une partie des employés des abattoirs bretons Gad aurait bien de la peine à se recaser faute de savoir lire et écrire correctement notre langue.

Le comble, c'est que dans les faits, chez Gad, l'illettrisme est supérieur à la moyenne nationale. Qu'importe.

Du « bruit et des odeurs » de Chirac au « toutes les civilisations ne se valent pas » de Guéant quand il était ministre de l'Intérieur d'un président ayant regretté de dire un jour à Dakar que « l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire », que de tourments aurait pu nous éviter la classe politique en se consacrant davantage à l'action qu'à la parole.

Mais voilà : dans cette société de la petite phrase et des éléments de langage, on aime maudire les mots dits.

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Billet initialement publié ici.

mercredi 17 septembre 2014

Salutaire

Traîtres, sournois, déloyaux, faux, fourbes, infidèles, perfides, trompeurs…

Vous allez en manger, ce mercredi 18 septembre 2014, des adjectifs qualificatifs et des superlatifs pour désigner ces parlementaires de la majorité qui n'auront pas accordé leur confiance à Manuel Valls.

Comme s'il devait être le seul responsable de la rébellion, l'unique cible des insoumis, l'exclusive tête de Turc des frondeurs.

On oubliera d'abord qu'il ne fait qu'appliquer une politique décidée par son chef suprême, tenant sa légitimité du suffrage universel.
On omettra ensuite de rappeler que ces frères ennemis désignés à la vindicte du regard mondial n'ont pas fourbi d'armes ni ourdi de complot.

En vérité, ces mécréants de la pensée unique n'ont rien fait. Ils se sont juste abstenus. Or, quand on a des doutes, suspendre son jugement, c'est souvent salutaire.

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Billet initialement publié ici.

vendredi 5 septembre 2014

Oui, mais non

Une femme humiliée a-t-elle le droit de dire haut et fort sa colère ? Oui, mais pas si son homme est au sommet de l'état.

Doit-on empêcher nos marchands de canons de vendre des armes à ceux qui font la guerre avec ? Oui, mais non, car il faut préserver l'emploi.

Doit-on interdire la presse people, populiste et racoleuse, qui tire le niveau du débat public au dessous de la ceinture ? Oui, mais non : on s'emmerderait trop dans la salle d'attente du dentiste.

Doit-on en finir avec cette Ve République qui donne tous les pouvoirs à un seul homme susceptible d'oublier ses promesses ? Doit-on changer de régime, retourner au parlementarisme absolu ou développer le recours au référendum pour rendre au peuple la responsabilité de décider des lois qui régissent sa vie ? Oui, mais non, parce qu'on n'a pas que ça à foutre d'aller voter tous les dimanches.

" La schizophrénie est une maladie mentale se développant généralement au début de la vie adulte. Elle est caractérisée par des difficultés à partager une interprétation du réel avec d’autres individus, ce qui entraîne des comportements et des discours bizarres, parfois délirants ", peut-on lire sur Wikipédia.

Bref. La France n'est pas coupée en deux. Elle est schizophrène.