vendredi 5 avril 2013

Rolex

Tic, tac, tic, tac. Le temps passe. La mort approche. Inexorablement.

Faute de pouvoir tuer le temps, certains le comptent. Ils le montrent. Parce que le temps, c'est de l'argent. Surtout dans cette société de l'immédiat, du temps réel et de l'info en continu où chaque seconde est une éternité chronophage de temps de cerveau disponible à toute actu susceptible de chasser les précédentes.

Le temps qui passe, c'est l'oubli garanti de celui qui s'est écoulé avant. Alors il faut en être comptable, avec de bons outils. Jacques Séguéla l'avait dit : "Si on n'a pas de Rolex à 50 ans, on a raté sa vie". Ils n'ont pas perdu une seconde pour comprendre.

Sarkozy et sa Rolex. Cahuzac et ses Boucheron, Chaumet et Breitling. Les Patek et Cartier de DSK. La Reverso de Lionel Jospin. Julien Dray et ses cadrans comptés en milliers d'euros. Et Moscovici...


"Ma première jolie montre fut une Rolex Oyster, offerte par ma mère à l’occasion de mon diplôme de Sciences Po en 1980..."

C'est ce qu'il expliquait, le Mosco, en 2004 dans une interview accordée au Meilleur des Montres.

Se faire offrir une montre de luxe par ses parents quand on réussit un concours, ça vous forge une personnalité. Forcément. Je peux comprendre. Pour ma part, on ne m'a jamais rien offert pour récompenser mes succès. Je me suis contenté d'être fier d'avoir fait de mon mieux. Et quand mes enfants réussissent à surmonter une épreuve, je leur offre rien d'autres que mon amour et je leur explique combien je suis fier d'eux.

J'imagine donc que ces gens qui nous gouvernent et collectionnent des mécaniques horlogères hors de prix les utilisent à bon escient. Pour compter, par exemple, qu'ils dépensent en une seconde ce que d'autres mettent un an à gagner.

J'imagine, aussi, qu'ils entendent cette petite musique. Tic, tac, tic, tac. Le temps passe. La mort approche. Inexorablement. Le temps, c'est de l'argent. Ils le comptent. Combien leur en reste-t-il à vivre ?

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