jeudi 20 décembre 2012

Démocratie

Ça m'agace. C'est idiot mais ça m'agace, ces histoires de gens riches qui se tuent à défendre leur fortune par tous les moyens possibles pour échapper à l'impôt.

Et pourtant, je peux vous dire qu'entre le Fisc et moi, c'est pas une histoire d'amour. Je suis né dans une famille de petits commerçants prospères des Trente Glorieuses ruinée par un contrôle fiscal.

J'étais pré-ado quand nous sommes devenus pauvres. Je m'en suis rendu compte un samedi matin où, contrairement aux autres, ma mère m'a expliqué en pleurant qu'elle ne pouvait pas me donner mes dix francs hebdomadaires pour aller acheter mon bouquin de la semaine à la librairie parce que nous étions ruinés.

Je me suis consolé en lisant les vieux classiques empoussiérés dans la bibliothèque et en séchant les cours pour aller faire des conneries avec les mauvais gamins de mon âge.

Une pratique assidue de l'échec scolaire m'a fait comprendre qu'en sortant du système, c'était moi le crétin. Que cet argent que nous n'avions plus, parce que le Fisc nous l'avait pris, nous pouvions le retrouver en retournant au lycée, en faisant des études.

Alors j'y suis retourné et j'ai bossé comme un malade pour rattraper deux années perdues dans les chemins de traverse. Le pré-délinquant est devenu sur le tard un bon élève. Sa copie de philo au bac a même été publiée dans les annales.

J'ai fait pion pour me payer mes études de droit. J'ai bossé la nuit au grand quotidien régional de Ch'Nord pour poursuivre ma scolarité à l'école de journalisme de Lille.

Je vous jure, j'en ai bavé pendant des années à dormir trois heures par nuit pour m'en sortir. Il y avait probablement derrière tout ça une envie revanche sociale qui se cachait. J'avoue. Parfois, la rage que l'on éprouve en voyant les autres, gamins de riches, profiter de la vie après les cours le soir quand vous, vous devez aller bosser...

Mais au fil du temps, la vie, la vraie, efface les mauvais sentiments. Journaliste salarié, je me suis retrouvé un jour au chômage et j'ai apprécié d'être indemnisé. J'en ai profité pour me mettre à mon compte, et je n'ai pas bronché en constatant qu'à chaque fois que cent euros rentraient, je devais en payer 60 à l'État.

Quand mon père est parti, emporté par un troisième cancer, j'ai compris que cet argent que le Fisc lui avait pris servait à faire fonctionner l'unité de soins palliatifs qui l'a accompagné dans la mort. Et quand cette dernière a failli emporter ma femme, j'ai été fier d'entretenir en payant mes impôts ce système de santé qui lui a sauvé la vie.

Aujourd'hui, nos enfants vont à l'école de la République. On a beau dire, elle est imparfaite, mais ils y apprennent beaucoup de choses. Et ce qui n'est pas au programme, nous nous en chargeons avec bonheur.

Je leur explique, aussi, que tout ça existe parce que nous vivons dans une République qui ne fonctionne que parce que nous consentons à l'impôt et que si ce dernier venait à devenir injuste, ça ne serait pas en tentant de s'y soustraire que ça s'arrangerait, mais en changeant ceux à qui nous confions mandat, par des élections libres, de l'établir. C'est ce que nous avons coutume d'appeler une Démocratie.

3 commentaires:

  1. LA FAIM DANS LE MONDE !
    Lettre ouverte à Depardieu

    http://www.lejournaldepersonne.com/2012/12/la-faim-du-monde/
    Avez-vous songé aux préparatifs pour la fin du monde ?
    Non!
    Qu'est-ce que vous attendez?
    Toujours la dernière minute.
    Je ne vous l'ai peut-être pas dit, mais le ciel n'attend pas.
    Vous voulez que je vous indique le chemin?
    C'est malin.
    Le chemin et le seul c'est de se prendre en main.
    Assumer vous ne risquez pas d'être plus abîmé.
    Qu'est-ce que vous avez mis de côté ?
    Non... vous pouvez balancer toute la monnaie... le royaume des cieux est pavé de bonnes intentions, on ne vous fera pas payer les frais de déplacement... ni l'emménagement... ni le firmament...

    Tout y est à l'œil... l'éternité n'a pas de prix
    Laissez tomber les vêtements... vous serez seuls et nus
    Non, il n'y aura personne pour vous importuner, pour vous épier
    Ou pour vous la refaire à l'envers...
    Chacun aura l'impression de disposer de tout l'univers...
    Non l'eau ne coulera pas à flots...
    Parce que l'atome d'oxygène n'aura pas le droit de copuler avec l'atome d'hydrogène...
    Tous les éléments retrouveront leur liberté, leur singularité...
    Plus de mélange... tout sera séparé.
    L'individu est Roi... et son royaume sera indivisible...
    Visiblement, on ne pourra pas partager l'invisible. Vous songez déjà à vos amours ? Pas la peine d'y songer, votre cœur ne fera plus de différence entre présence et absence... votre amour n'aura besoin d'aucun recours... vous serez seul mais comblé...
    De quoi vous aurez donc besoin, afin de vous y préparer?
    D'un truc pour ne pas vous ennuyer... parce que c'est très long, une éternité...
    Quel truc ? je ne suis pas bien informée
    Chacun son truc.
    Vous voulez savoir quel est mon truc à moi, pour ne pas sombrer quand je serais de l'autre côté ?

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  2. Yes !
    C'est simple, c'est limpide, ça fait du bien à lire. Merci. Le service public, et l'impôt qui va avec, c'est l'essence de la démocratie, pas le suranné pour quoi on essaie de le faire passer.

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