jeudi 22 novembre 2012

Aliénation

Nous devons tous être victimes, depuis le dimanche 18 novembre 2012, d'une nouvelle sorte d'aliénation.

Je m'explique. Les partis politiques sont utiles au bon fonctionnement d'une démocratie normale, car ils permettent aux citoyens de se rassembler derrière des formations transformant la somme de leurs intérêts particuliers en intérêt général.

Une fois sanctuarisées par chaque formation, ces conceptions partisanes de l'intérêt général s'affrontent aux élections afin de devenir majoritaires et de pouvoir s'appliquer uniformément à l'ensemble du corps électoral.

Électeurs, sympathisants, militants, permanents, candidats, élus, assemblées représentatives, gouvernement, chef de l'Etat... Ce système est une formidable machine à aliéner la liberté des uns qui doit bien s'arrêter là où commence celle des autres, sinon, c'est l'anarchie.

Corrélativement, pour que ce système fonctionne, il faut le financer. Tout le monde s'y colle : les militants en cotisant et les électeurs en payant des impôts, dont une partie est utilisée pour financer ces partis (c'est un sujet très sensible, semble-t-il), sans parler de celle qui sert à indemniser les élus de la majorité et ceux de l'opposition.

On peut logiquement déduire de ce qui précède une conséquence nécessaire : dès lors qu'un parti politique n'assure plus toutes ces conditions, il est prié de rendre la thune. Aux militants à jour de cotisation et aux contribuables, aussi, qui ne sont pas des aliénés.

lundi 12 novembre 2012

Sérendipité

La sérendipité est le fait de réaliser une découverte inattendue grâce au hasard et à l'intelligence. Ceci n'est probablement qu'un détail du papier de mon camarade Vincent Glad sur @leLab_E1, mais j'ai toujours pensé que le diable est dans les détails.

Vincent a raison (ceux qui suivent nos relations tourmentées sur Twitter savent que je n'ai pas l'habitude de lui servir la soupe). Les "5 gus dans un garage" font un boulot remarquable, utile à la démocratie en cela qu'ils nous informent pour nous éclairer.

Comment ça, me direz-vous (et vous avez un peu raison) : des petites phrases, des tweets de travers, des fails et du lol... Qu'est-ce que le citoyen en a à foutre ? Cette écume de la mousse de l'information n'a ni plus ni moins d'intérêt que la presse people, que je défends aussi.

Pour ceux qui auraient lu trop vite le papier de Vincent, je vais reproduire ici un paragraphe essentiel :

"Outre Internet, l'autre source d'info principale du Lab se trouve dans les vieux journaux de presse écrite. C'est là où est le coup de génie (certes emprunté à Morandini) : les journalistes du Lab épluchent tous les matins la presse politique à la recherche de petites phrases passées inaperçues. Comme pour les tweets, chaque brève politique de L'Express, du Point, du Canard ou du Nouvel Obs peut se transformer en article sur Le Lab, une prédation d'audience qui profite de l'incapacité des sites des hebdos à capitaliser sur ce matériau précieux."

Eh oui : la bonne vieille brève ! Ce grand art oublié qui est pourtant à l'origine des plus belles heures de la presse. Ces petites choses qui se mangent sans faim pour mettre le lecteur en appétit avant de plonger dans les sujets de fond.

C'est une vieille recette, oui. Car contrairement à ce que beaucoup de crétins experts à la mémoire courte essaieront de vous faire croire : le net n'a rien inventé. Le lol existait avant le lol. On appelait ça "dérision", "second degré" ou "humour noir". Le "fact checking", c'est la bonne vieille vérification de l'info et le "crowdsourcing" n'est autre qu'un avatar de l'enrichissement de l'info grâce au courrier des lecteurs.

Bref, URL ou IRL, ce métier reste le même depuis Gutenberg : les échotiers rapportent de petites phrases et reporters se permettent de les mettre en écho. Qu'importe le média.

La seule vraie différence, c'est que nos politiques n'ayant plus vraiment grand-chose à dire de fondamental, nous nous retrouvons, nous, journalistes, bloqués à la surface, privés de cet oxygène nécessaire pour atteindre les profondeurs. Alors nous y surfons.


La sérendipité est le fait de réaliser une découverte inattendue grâce au hasard et à l'intelligence. Oui. Et les fruits du hasard, faute d'intelligence, finissent par pourrir.