jeudi 22 mars 2012

Condition humaine

"Ces crimes ne sont pas ceux d'un fou. Un fou est irresponsable.
Ces crimes sont ceux d'un fanatique et d'un monstre."

L'humanité, c'est notre condition, même quand elle cesse de l'être. Et très régulièrement ressurgissent des monstres au beau milieu de la civilisation (désolé d'employer cette expression assez galvaudée ces derniers temps). On ne peut rien y faire ? C'est comme ça ?

J'en sais rien. Ce dont en revanche je suis certain, c'est que la monstruosité se nourrit et que quand on lui coupe les vivres, elle crève. Car oui, je suis de ceux qui pensent que nous sommes au moins le produit de nos conditions matérielles d'existence. Au moins, car en plus, on peut avoir la chance de disposer d'un libre arbitre quand les conditions culturelles et intellectuelles ont elles aussi été favorables.

Reste évidemment la part infime des maladies mentales graves qui peuvent rendre invisible la monstruosité à ceux qui en sont atteints.

Cela dit, quand le patient a pris une balle dans la tête, l'expertise psychiatrique devient particulièrement difficile. D'où l'intérêt de choper les criminels en vie : ça donne la possibilité de voir comment ils fonctionnent à l'intérieur. Cette sorte de tri entre l'inné et l'acquis qui précisément permet de mieux connaître notre condition humaine.

"Chercher une explication" au geste d'un auteur d'assassinats n'est pas une "faute morale" : c'est l'expression de la curiosité légitime des hommes qui ne veulent pas devenir des monstres.


mardi 20 mars 2012

Message de service

Silence radio, ici comme sur Twitter, tant que cette affaire dite du "tueur à scooter" n'aura pas été élucidée. Tout d'abord pour les familles des victimes. En France comme partout dans "le reste du monde", des enfants "qui ne demandaient qu'à vivre" ont été tués. Ici comme ailleurs, leur mort à chacun mérite plus qu'une minute de silence.

Aussi par respect pour la justice (la présomption d'innocence et les droits de la défense restent, même dans la monstruosité la plus absurde et absolue, des droits imprescriptibles) et le fonctionnement normal des institutions (ne confondons pas président et procureur de la République, ministre de l'intérieur et commissaire central, opposition et parties civiles).

Je suggère d'ailleurs à chacun d'y réfléchir vraiment : dans ce genre de circonstances, il est toujours plus raisonnable de fermer sa gueule quand on n'a rien à dire afin de laisser travailler ceux dont le métier est d'enquêter pour établir les faits et de les mettre en ordre dans le cadre juridique défini par nos lois.

J'espère enfin, sans me faire trop d'illusions, que nos candidats auront la décence de ne pas miser leur avenir politique sur l'issue de cette traque.

vendredi 16 mars 2012

Fumée

Priez pour nous pauvres pécheurs. Dans à peine plus d'un mois, l'heure sera venue d'aller à confesse dans l'isoloir, avec l'espoir que des urnes sortira cette fumée blanche attendue pour mettre fin au conclave électoral.

Il en a fallu et il en faudra encore, des palabres, aux quatre coins cardinaux, pour procéder à l'élection pontificale. Car la parole politique sur les ondes s'est multipliée comme les pains et les jeux. Le poisson aussi. Nos tribuns ont beau essayer de le noyer : il abonde. La pêche s'annonce miraculeuse.

Voilà donc un corps électoral affamé et repus. Les dents du fond baignent. La nausée s'installe. L'envie de vomir est proche. C'est notre faute. Battons-nous la coulpe. Nous accordons tant d'audience à ces messes médiatiques que les candidats n'ont d'autre choix que d'occuper au maximum cet espace grand ouvert. Il faut donner des images, dire des mots. Tout ou son contraire. Qu'importe. Le silence, c'est la mort.

Le risque, évidemment, c'est l'embrouille. Celle des orateurs tant est dense le chevauchement des tapis où les pieds peuvent se prendre. Celle aussi du public, dont les oreilles harassées par tant de bruit finissent par ne plus entendre rien.

Alors ces questions des uns et ces bavardages des autres tournent au vacarme insensé. Et ça en arrange beaucoup. Ceux-ci qui, pour cacher la vacuité de leur pensée, meublent la conversation. Ceux-là qui, incapables de se forger une opinion, attendent qu'on leur en fabrique une.

Au final, une majorité volatile et instable sortira du brouhaha, capable de changer d'avis du jour au lendemain. Derrière une sorte d'écran de fumée grise, un pape émergera, élu par des infidèles.