mercredi 22 décembre 2010

Citoyens

Chers concitoyennes, chers concitoyens, cette année qui se termine vous laisse un goût amer. C'est normal. 2010 est un mauvais cru

Vous travaillez davantage mais vous ne gagnez pas plus. Et vous devrez bosser plus longtemps. Mais bon. Vous avez un travail, c'est déjà ça

C'est pas le cas de tous le monde : entre ceux qui en cherchent et ceux qui en perdent, ça se bouscule au Pôle Emploi

Mieux vaut d'ailleurs passer par leur site web. Enfin, si vous avez encore un accès internet, parce que ça aussi, ça se perd

Mais, chers concitoyennes, chers concitoyens, je vais arrêter là la liste des difficultés qui plombent notre quotidien

Car cette année 2010 a été dure pour tout le monde, y compris chez ceux qui nous gouvernent. Ils ont morflé grave, ne l'oublions pas

Jean Sarkozy n'a pas décroché son job à l'Epad. Il a du se serrer la ceinture pour poursuivre ses études

Rachida Dati, une mère seule issue de l'immigration, a été virée et même privée de voiture

Et Rama Yade ? Virée aussi. Elle a éprouvé les plus grandes difficultés pour retrouver un emploi à cause de sa couleur de peau

Les grands patrons ont dû se sacrifier aussi. Regardez l'exemple d'Henri Proglio qui dû se résoudre à perdre un salaire

Je peux même vous dire que chez les Ockrent-Kouchner, pour le réveillon, cette année, ça sera Kronembourg et sardines à l'huile

Bref, vous le voyez bien : France d'en-bas ou France d'en-haut, c'est la crise à tous les étages, tous ensemble

Chers concitoyennes, chers concitoyens, c'est ce qui doit nous rendre l'espoir en 2011 : personne ne nous prend pour des citoyens cons

La version de cette #twitstory avec le son et l'image est ici dans sa version originale

Et aussi chez Guy Birenbaum

lundi 20 décembre 2010

Haine

J'ai servi sous les armes, j'ai commis des méfaits. J'ai provoqué des drames, sans le moindre regret

J'ai brisé des rotules, j'ai cassé des gueules. Je me suis pris des coups, dont je garde les cicatrices

Comme autant de souvenirs de luttes salvatrices. Des bleus et des plaies, comme des lisières de forêts, qui cachent ma sauvagerie

Le sang qui coule, me rappelle à la mort. De mes artères qui se déroulent, les battements de mon corps

A la fin sans avoir lutté, nos lâchetés nous auront assassinés. La guerre pour la survie est la dernière patrie

Et quand je serai mort, elle vivra encore, dans l'âme et dans le sang, dans les veines de mes enfants

Avec cette haine, ces coups et ces larmes. Ces drames ces bleus et ces plaies, que leur réserve l'espèce humaine

Il n'y a pas d'autre façon. Le chemin est unique. L'amour ne se construit qu'à l'aune de la haine

jeudi 16 décembre 2010

Ecrans

Sur nos écrans, on peut voir le monde. Les hommes qui vivent, ceux qui meurent. Les despotes, leurs victimes. Et deviner les témoins

C'est inscrit dans des lignes de code sur des serveurs qui se parlent aux quatre coins de la planète. La vérité est gravée sur des disques

Ne peuvent y accéder que ceux qui ont les clés. Ils ont la capacité binaire, tout comme le refroidissement du système

Ils ont grandi à l'abri des écrans, dans cette sorte de crainte du contact des peaux tout comme dans le fantasme de la chair numérisée

Les corps sont si sales. Les paroles tellement indomptables, les conversations contraignantes et les regards insoutenables

Alors ils ont assumé leur détestation de l'humain et décidé de puiser la vie là où elle se transcrit en données

Elle sont frigides et distantes, abandonnées par des humains. Elles n'ont pas d'odeur, de saveur ni de genre. Elles se suffisent

Ces données trahissent une part de vérité. Celle de ceux qui ont pris le soin de les émettre. Elles contiennent aussi leurs codes

Elles prennent soin de dissimuler ces choses qui ne se comprennent qu'au contact des peaux, qui ne se lisent que dans les regards

La complicité, la haine, la confiance, la rancune, l'intérêt, la vengeance... ces sentiments nés de la chair et du sang

Ces émotions qui poussent parfois les hommes à prendre les armes. Avec, ils tirent des balles dont ne nous protègeront jamais les écrans

mardi 14 décembre 2010

Crépuscule

Il a fallu près de deux millénaires à l'humanité pour commencer à se poser des questions sur la vérité révélée ou l'immaculée conception

Vingt siècles pendant lesquels des Croisés auront pillé des temples, assiégé des forteresses, brûlé des idoles, pris possession

Deux mille années pendant lesquelles au nom d'un messie auront été brûlés des hommes et des livres, meurtris des corps et des idées

730.000 jours pour justifier des batailles, des guerres ou des querelles autour d'une seule et unique question : qui dit la vérité ?

17.520.000 heures passées à attendre des réponses sans les entendre. Eppur si muove. Oui, pendant ce temp-là, elle tourne

Multipliez ces heures, ces jours, ces années, ces siècles et ces millénaires par le nombre d'être humains qui les ont vécus

Exposez ce résultat aux facteurs simples de l'amour, de la haine, de l'instinct grégaire, de la foi et du doute

Ajoutez-y la somme d'imagination que peut déployer l'espèce humaine pour créer des armes et des arguments afin de détruire l'altérité

Vous voilà au bout de l'équation de l'humanité. Les Dieux se réveillent toujours au crépuscule, quand les idoles s'endorment

lundi 6 décembre 2010

Combat

2011 : les réseaux sociaux se démultiplieront jusqu'à se vider de leur sens. L'information en ligne sera partout payante #businessasusual

2012 : les datajournalistes obtiendront une convention collective reconnaissant leur supériorité sur les journalistes de terrain

2013 : il sera officiellement interdit de publier des images ou des informations recueillies ailleurs que sur des sites internet

2014 : Quelques datajournalistes convaincus qu'ils se font promener par les données accessibles se rebellent. Ils retournent sur le terrain

2015 : Les datajournalistes de terrain dissidents ont fait des émules. Plus personne dans les rédactions ne croit aux infos de données

2016 : les cyborgs pètent la gueule des datajournalistes, qui ont une pensée émue pour leurs confrères oldschool et pour les matraques

mercredi 1 décembre 2010

Sans dieu ni messie

Un jour, Twitter sera devenu un vieux sablier où nous égrenâmes des messages pour conter ces temps où nous étions encore en vie

Et pourtant comme le dit si bien Cid dans L'Age de Glace : "Je vais mourir, tu vas mourir, nous allons tous mourir" (j'adore cette scène)

Mais voilà. Cette sensation d'immédiateté de nos réseaux sociaux nous promène de part et d'autre des lignes de nos vies

Je tweete donc je suis en vie. Et quand je cesse de communiquer, je parle encore. Mes mots s'affichent toujours

Ces phrases sont stockés sur des serveurs qui veillent tandis que je suis plongé dans un profond sommeil

D'ailleurs, même après le dernier souffle, ils continueront, ces serveurs, à les afficher au reste du monde. C'est ce qui me rend immortel

Mais un jour quand même, Je vais mourir, tu vas mourir, nous allons tous mourir. Nos corps seront poussière. Nos mots s'afficheront encore

Ils n'auront plus d'autre sens, de justification, que ceux que nous auront su leur donner en les écrivant

Ceux qui nous survivront, enfants, amis ou étrangers, n'auront plus le loisir de nous demander une interprétation

Nous aurons laissé à nos peuples, gravée dans l'espace numérique, la bible de nos vies, sans dieu ni messie. Une religion sans disciples