mercredi 8 septembre 2010

Dans le ventre et dans l'âme

Un jour peut-être, les journalistes cesseront de parler des auteurs, et les auteurs des journalistes. Et ça fera du bien

Pas que les auteurs, d'ailleurs : les peintres, les photographes, les comédiens, les réalisateurs... Bref, ceux qui créent des oeuvres

Pas définitivement, non. Juste le temps de voir comment ça peut exister, l'art, sans la critique des censeurs estampillés

Suffisamment longtemps pour étudier comment le public va vers l'art et vice versa, sans intermédiaire

Juste pour voir se remplir à nouveau les librairies, les galeries. Juste pour entendre les artistes, les auteurs, parler à leur public

Oui, c'est vrai, ça sera difficile de faire émerger des artistes "majeurs", des "best sellers", des "incontournables"

Oui, aussi, ça rendra le risque économique énorme de ne pas avoir une force de frappe organisée pour la consommation de masse

Ah, oui, c'est vrai : une grande majorité d'auteurs et d'artistes va devoir bouffer du rat crevé

Mais bon. Combien aujourd'hui bouffent du rat crevé matin, midi et soir ?

Je crois que ça vaudrait le coup d'essayer. Rien qu'une fois, histoire de vérifier

Juste pour voir ce que nous avons vraiment dans le ventre et dans l'âme quand personne ne nous dit ce qu'il faut y mettre

Twitstory du 8 septembre 2010 sur la TL de @christreporter

2 commentaires:

  1. « Pour satisfaire au besoin d’imaginaire se sont créées des usines de rêve exactement comme il existe des usines de réalité. Ces usines de rêves, c’est-à-dire en définitive tout ce qui est lié à des transmissions dans le domaine de l’esprit - cinéma, télévision, radio - elles appartiennent ou bien à l’État ou bien au secteur privé. Quand elles appartiennent à l’industrie privée, quel but recherche celle-ci ? Certainement pas de dispenser de la culture, mais bien plutôt de gagner de l’argent. Pour cela, elle doit obligatoirement faire appel au maximum à l’instinct car c’est ce qui rapporte le plus. Notre civilisation est en train de comprendre qu’elle est en quelque sorte attaquée - ou soutenue, comme on voudra - par d’énormes puissances qui agissent sur l’esprit à travers l’imaginaire, et elle veut se défendre contre ces puissances-là. »


    André Malraux
    Présentation du budget des affaires culturelles
    9 novembre 1967

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  2. Je crois que les gens ont perdu l'habitude de penser culture de manière autonome. Les succès sont ceux annoncés par la presse, ce qui est encensé par avance...

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